La Belgique s'enfonce dans la crise politique

L'avenir de la Belgique, en pleine présidence de l'UE, apparaissait plus incertain que jamais le 17 octobre suite au rejet par les francophones d'une proposition de compromis sur une réforme du pays présentée comme celle de la dernière chance par les indépendantiste flamands.

Missionné par le roi Albert II pour tenter de trouver une issue au blocage sur la formation d'un gouvernement fédéral, toujours introuvable depuis les élections législatives du 13 juin, président de la Nouvelle Alliance Flamande (N-VA), Bart De Wever, a remis sa copie le 17 octobre.

Mais son offre a été immédiatement rejetée par les partis francophones, plongeant du même coup le pays dans l'incertitude. À leurs yeux, elle va beaucoup trop dans le sens des revendications flamandes.

Le premier parti francophone, le Parti socialiste (PS), a exprimé sa "profonde déception", estimant que le texte de M. De Wever "ne rapproche pas les points de vue". Il a dénoncé le "caractère unilatéral, parfois provocateur", selon lui, de certaines propositions, qui risque "d'accroître les tensions" entre néerlandophones et francophones.

Même son de cloche du côté du mouvement centriste CDH. Ce dernier a qualifié le document de "position unilatérale peu susceptible sur de nombreux points de rapprocher les points de vue".

Le patron de la N-VA, grand vainqueur des élections du 13 juin en Flandre, la région néerlandophone du pays où vivent 60% des Belges, avait pourtant présenté son compromis peu ou prou comme à prendre ou à laisser.

Dans le détail, l'offre prévoit d'abord une autonomie fiscale nettement accrue des régions, allant dans le sens des revendications de la Flandre.

Elle prévoit de laisser les régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) gérer elles-mêmes "environ 45% des recette totales de l'impôt" sur le revenu dans le pays, soit 16 milliards d'euros au total, la Flandre héritant de la plus grosse part du gâteau (10 milliards d'euros).

M. De Wever accepte des subventions supplémentaires pour la ville-région de Bruxelles. Mais beaucoup moins que ce que voulaient les francophones.

Sur ces deux points, le PS a parlé de propositions qui "mettent en péril le bien-être des Wallons et des Bruxellois", et risquent de mettre fin à tout mécanisme de solidarité de l'État fédéral entre le Nord et le Sud du pays.

Dernier dossier épineux : les droits linguistiques spéciaux dont bénéficient des dizaines de milliers les francophones vivant en Flandre, dans la banlieue de Bruxelles. L'offre qui est sur la table veut les supprimer, sauf dans six communes où les francophones sont majoritaires : leurs habitants pourraient continuer à voter pour des candidats de leur langue aux élections législatives.

AFP/VNA/CVN

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