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Des supporters d'Albin Kurti brandissent un drapeau du Kosovo lors d'un rassemblement à Pristina, le 4 octobre 2019. |
Vingt ans après la dernière des guerres ayant conduit à la désintégration de la Yougoslavie(1998-99, 13.000 morts), Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province majoritairement peuplée d'Albanais. Le veto de la Russie et de la Chine lui barre toute perspective de devenir membre de l'ONU.
Ponctuées d'épisodiques poussées de fièvre, les relations exécrables entre Belgrade et Pristina sont un obstacle majeur à leur rapprochement avec l'Union européenne avec qui la Serbie négocie son adhésion.
Pour une grande partie des 1,8 million de Kosovars, la priorité n'est pourtant plus là: "J'en ai ras-le-bol de cette histoire de dialogue", lâche Salih Mehana, un commerçant de 39 ans, résumant l'état d'esprit d'une population usée par la pauvreté, la corruption, le clientélisme, des infrastructures et des services publics désastreux. Ce mécontentement pourrait être fatal aux "partis de la guerre", dirigés par les anciens commandants de la guérilla indépendantiste, aux commandes du Kosovo depuis la déclaration d'indépendance.
La relève ?
En 2018, ils avaient tu leur divergence pour garder de justesse le pouvoir. Cette fois, le PDK du président Hashim Thaçi et l'AAK du Premier ministre sortant Ramush Haradinaj, sont divisés. Si aucun sondage fiable n'est publié, les analystes estiment qu'ils pourraient être chassés du pouvoir par une coalition du centre droit (LDK) et de la gauche nationaliste (Vetevendosje).
Leurs chefs de file, Vjosa Osmani, qui veut devenir la première femme à diriger le Kosovo, et Albin Kurti, l'ancien leader étudiant emprisonné par les Serbes, ont pour principal point commun leur hostilité aux "commandants". Cela pourrait suffire à les convaincre de s'unir.
Quelles que soient la prochaine équipe dirigeante et les priorités des Kosovars, "la question du dialogue sera déterminante dans la formation du prochain gouvernement" car "la communauté internationale ne donnera pas son aval à un gouvernement qui n'en ferait pas une priorité", dit le professeur de Sciences politiques Nexhmedin Spahiu.
Avant le scrutin, dans un communiqué commun, Américains et Européens ont livré leur feuille de route: "reprendre de manière urgente les discussions avec la Serbie dans l'objectif d'aboutir à un accord politique complet, légalement contraignant, qui contribue à la stabilité régionale".
Les Occidentaux avaient condamné la décision de Ramush Haradinaj d'imposer des droits de douane de 100% sur les importations de Serbie. Leur levée est une condition de Belgrade à la reprise de pourparlers à l'arrêt depuis près de deux ans.
Les droits de douane de la discorde
À l'exception de Ramush Haradinaj, qui espère récolter les fruits de son intransigeance, les principaux candidats semblent prêts à renoncer à cette barrière douanière qui relève de "l'amateurisme émotionnel", selon le chef de file de la liste PDK, Kadri Veseli. Il calquera sa position sur "celle des États-Unis", qui viennent de désigner un envoyé spécial, Richard Garrell.
En face, Vjosa Osmani comme Albin Kurti disent vouloir reprendre le dialogue, le second s'employant à gommer son image d'intransigeance. "Le sort des droits de douane est scellé", "leur suspension sera l'une des premières décisions du nouveau gouvernement", prédit l'analyste Nexhmedin Spahiu.
Un des sujets les plus sensibles sera celui de l'organisation administrative et institutionnelle des secteurs où vivent les Serbes du Kosovo. Ils seraient 40.000 dans le Nord et 80.000 dans une dizaine d'enclaves, et vont désigner dix députés. Pristina leur a imposé pour la première fois la présentation de documents kosovars, ce qui pourrait conduire à des tensions.
L'entrée du territoire a également été interdite aux responsables de Serbie pour la campagne. Le président Aleksandar Vucic a appelé à voter Srpska Lista, force politique dominante chez les Serbes du Kosovo et émanation de son parti. Les opposants à la Srpska Lista dénoncent une atmosphère d'intimidation.
Les 1,9 million d'électeurs (avec la diaspora) sont appelés à voter de 05H00GMT à 17H00 GMT.
AFP/VNA/CVN