Kosovo : Belgrade ne signera pas l'accord proposé par l'UE

La Serbie a annoncé le 8 avril qu'elle ne signerait pas un accord proposé par l'Union européenne en vue de normaliser ses relations avec le Kosovo, et elle a demandé la reprise des pourparlers sous le parrainage de Bruxelles.

Le Premier ministre serbe Ivica Dacic. Photo : AFP/VNA/CVN


"Le gouvernement de la Serbie ne peut pas accepter des principes présentés verbalement à son équipe de négociateurs à Bruxelles, car ils ne garantissent pas une sécurité totale et la protection des droits de l'homme pour les Serbes du Kosovo", a déclaré à la presse le Premier ministre serbe Ivica Dacic, en appelant à une "reprise urgente du dialogue avec la médiation de l'UE".
Tout en regrettant la décision de la Serbie, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, l'a appelée le 8 avril à "faire un dernier effort pour parvenir à un accord". "Après plusieurs sessions de négociations, je pense que tous les éléments d'un accord sur le Nord du Kosovo sont sur la table", a-t-elle indiqué dans un communiqué, en soulignant qu'il devait "être conclu par les deux parties", et non imposé par l'UE.
La conclusion d'un accord avec le Kosovo, dont la Serbie refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008, est une condition clé posée par Bruxelles à l'octroi à Belgrade d'une date pour démarrer rapidement ses négociations d'adhésion à l'UE. Sans accord avec Pristina, Belgrade risque de voir cette date reportée sine die.
La Serbie est sous forte pression après la dernière réunion sous parrainage de l'UE, le 2 avril à Bruxelles, qui s'était soldée par un échec. La Commission européenne doit présenter le 16 avril un rapport d'évaluation qui sera soumis aux dirigeants européens avant leur sommet de juin.
C'est l'influent numéro deux du gouvernement serbe Aleksandar Vucic, chef du principal parti de la coalition gouvernementale, qui a, déjà dans la matinée, laissé comprendre que Belgrade allait refuser de signer l'accord tel que présenté par Bruxelles. "Nous proposons au gouvernement de ne pas signer (...) quelque chose qui ne tient pas compte du minimum de nos intérêts nationaux et, dans un même temps, de poursuivre les pourparlers et tenter d'atteindre une solution au plus vite", a-t-il déclaré à la presse.

"On n'a pas reçu une offre mais un ultimatum"
Maja Kocijancic, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, s'était bornée à dire le 8 avril que Bruxelles attendait les "décisions officielles de la Serbie et du Kosovo" à la suite de l'échec des négociations du 2 avril.
Les pourparlers ont achoppé sur le degré d'autonomie dont pourraient bénéficier les municipalités à majorité serbe du Nord du Kosovo, région frontalière de la Serbie qui échappe de facto au contrôle de Pristina.
Belgrade réclame la création d'une "association" de ces municipalités qui disposerait de "pouvoirs exécutifs" pour la sécurité, la police et la justice, ce que Pristina refuse. Le 7 avril, le président serbe Tomislav Nikolic a assuré que la décision que prendrait le gouvernement serait "épaulée par le chef de l'État et (par) une majorité des partis politiques" représentés au parlement. "À Bruxelles, on n'a pas reçu une offre mais un ultimatum", a-t-il poursuivi, ajoutant que la proposition d'accord entre Belgrade et Pristina "peut et doit être améliorée".
Dans une intervention télévisée le 7 avril au soir, le vice-Premier ministre Vucic a révélé que lors de la réunion à Bruxelles le 2 avril, la délégation serbe n'avait pas reçu un projet écrit d'accord. "Nous n'avons reçu aucun document. On nous a simplement lu ce qu'on nous demande" de faire, a-t-il expliqué. "On nous a lu huit points. Six étaient acceptables pour Belgrade, mais deux ne l'étaient pas", a-t-il déclaré.

AFP/VNA/CVN

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