"Le président d'Afghanistan veut un arrêt immédiat des raids nocturnes et des fouilles de maisons afghanes. Il ne veut plus qu'aucun étranger entre dans les domiciles d'Afghans pour les fouiller", a déclaré Aimal Faizi.
La veille, le porte-parole de la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF), le général allemand Carsten Jacobson, avait affirmé que ces raids de nuit, très controversés, allaient se poursuivre, malgré la mort d'une femme enceinte au cours de l'un d'eux le 17 décembre. "Les déclarations des responsables de l'OTAN sont en totale contradiction avec les décisions de la Loya Jirga, les demandes du peuple afghan relayées par la Jirga, et avec ce que veut le président", a souligné M. Faizi.
Elles pourraient "avoir un impact négatif sur la signature du partenariat stratégique avec les États-Unis", a-t-il poursuivi.
La Loya Jirga, grande assemblée traditionnelle réunie mi-novembre, avait posé l'interdiction des perquisitions de domiciles afghans par les forces étrangères comme condition à la signature du futur partenariat stratégique avec Washington, devant définir les modalités de la présence militaire américaine à l'issue du retrait des troupes de combat de l'OTAN, prévu à la fin 2014.
Les opérations nocturnes de la coalition contre les domiciles afghans est depuis longtemps un sujet de friction récurrent entre le président afghan et ses alliés de l'OTAN, qui portent à bout de bras son fragile gouvernement face à l'insurrection que mènent les talibans depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001.
Ces raids, et les pertes civiles attribuées à l'ISAF, irritent fortement la population et alimentent le ressentiment anti-occidental après dix ans de présence militaire étrangère.
Selon M. Faizi les perquisitions lors d'opérations "menées à 100% par des Afghans" ne posent "pas de problème. "Mais nous refusons que des forces étrangères pénètrent chez les gens", a-t-il expliqué.
Le général Jacobson a indiqué lundi que l'ISAF cherchait à "afghaniser aussi vite que les possible les opérations de nuit", tout en estimant que la coalition avait encore besoin de temps pour former les forces spéciales afghanes, qui participent quasi-systématiquement aux raids de nuit.
L'OTAN et les États-Unis, dont les forces spéciales mènent l'essentiel de ces opérations destinées à capturer ou tuer des chefs insurgés, défendent leur utilité.
Lundi, le général Jacobson a répété que "les opérations de nuit restaient le type d'opération le plus sûr pour débarrasser le champ de bataille de chefs insurgés", affirmant qu'aucun coup de feu n'est tiré "dans 85%" des cas et qu'elles sont responsables de "moins de 1% des pertes civiles".
Nombre d'experts du pays jugent que ces opérations nocturnes ont des effets contre-productifs en attisant la colère anti-occidentale des civils, en plus de mettre leur vie en danger. "Ces opérations portent la guerre chez les gens et provoquent leur colère et des réactions", a abondé mardi M. Faizi.
L'OTAN a ouvert une enquête sur une opération menée le 17 décembre au matin contre le domicile du chef du service anti-drogue de la province orientale de Paktia, au cours de laquelle son épouse, enceinte, a été tuée.
AFP/VNA/CVN