Kaboul suspend ses négociations avec Washington

Le 18 juin, les talibans et les Américains avaient officiellement annoncé une prochaine reprise de leurs contacts en vue de discussions de paix. Le matin du 19 juin, le porte-parole de M. Karzaï a annoncé que ce dernier suspendait ses négociations d'accord bilatéral de sécurité en cours avec Washington.

Washington, qui dirige la force internationale de l'OTAN en Afghanistan (ISAF), alliée du gouvernement de Kaboul face aux rebelles, a aussitôt annoncé qu'il enverrait prochainement des émissaires à Doha.

Mais ces annonces n'ont pas été du goût du président afghan Hamid Karzaï, avec lequel les talibans refusent de discuter car ils considèrent son gouvernement pro-occidental comme illégitime, et qui redoute d'être marginalisé par des discussions directes entre Washington et les rebelles.

Le matin du 19 juin, le porte-parole de M. Karzaï a annoncé que ce dernier suspendait ses négociations d'accord bilatéral de sécurité en cours avec Washington, pour marquer son mécontentement. "Il y a une contradiction entre ce que le gouvernement américain dit et ce qu'il fait en ce qui concerne les discussions de paix", a expliqué ce porte-parole, Aimal Faizi.

"Le président (Karzaï) est mécontent du nom" utilisé pour désigner le bureau politique afghan, à savoir "bureau politique de l'émirat islamique d'Afghanistan", a-t-il précisé. "Nous nous opposons à cette appellation d'+émirat islamique d'Afghanistan+, pour la simple raison qu'une telle entité n'existe pas" et les "Américains étaient parfaitement au courant de la position du président" Karzaï, a poursuivi M. Faizi.

Attentat contre une base militaire

"L'émirat émirat islamique d'Afghanistan" était le nom donné par les talibans à leur régime lorsqu'ils étaient au pouvoir à Kaboul, entre 1996 et 2001, et ils continuent à appeler leur mouvement ainsi depuis.

La suspension des négociations de l'accord bilatéral américano-afghan, qui doit notamment définir les modalités de la présence américaine en Afghanistan après la fin de la mission de combat de l'OTAN fin 2014, a été décidée à l'issue d'une "réunion exceptionnelle" entre le président afghan, ses conseillers et son équipe chargée de la sécurité nationale, a précisé M. Faizi.

La base de Bagram, au Nord de Kaboul, est une importante plateforme aérienne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les espoirs de paix nés des annonces du 17 juin avaient déjà été quelque peu douchés dans la nuit par l'attaque, revendiquée par les talibans, de la base militaire américaine de Bagram, qui a tué quatre soldats américains, un bilan confirmé par un responsable américain à Washington, qui a évoqué, sous couvert d'anonymat, des tirs de roquettes ou de mortiers.

Un porte-parole taliban au Qatar, Mohammad Sohail Shaheen, a confirmé que les insurgés n'avaient pas l'intention d'arrêter leurs attaques en dépit des futurs contacts diplomatiques. "Il n'y a pas de cessez-le-feu (avec les États-Unis). Ils nous attaquent et nous les attaquons", a-t-il déclaré sur la chaîne Al-Jazeera.

Un responsable américain l'a lui-même souligné le 18 juin en reconnaissant que l'amorce du dialogue entre talibans et Washington marquait le "début d'un parcours très difficile". Selon lui, "les États-Unis auront une rencontre officielle, la première depuis des années, avec les talibans dans quelques jours à Doha".

AFP/VNA/CVN

 

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