>>Dernière ligne droite avant des élections britanniques décisives pour le Brexit
>>Ultime duel prudent entre Johnson et Corbyn sur fond de Brexit
>>Boris Johnson en opération séduction à une semaine des élections
Boris Johnson, en campagne pour les élections, livre du lait à une famille de Guiseley, dans le Nord de l'Angleterre, le 11 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au terme d'une campagne où il aura préparé des doughnuts, changé une roue de Formule 1 et pulvérisé un faux mur symbolisant "l'impasse" du Brexit à l'aide d'un bulldozer, le dirigeant conservateur a débuté sa journée en livrant des bouteilles de lait à Guiseley dans le Yorkshire (Nord de l'Angleterre), à la surprise du couple qui lui a ouvert la porte.
Il a ensuite préparé une tourte au boeuf et à la bière, qu'il a comparée à l'accord de Brexit négocié avec l'Union européenne mais qui n'a pas été voté au parlement, faute de majorité. M. Johnson compte "réchauffer" et resservir le texte aux députés, s'il gagne.
"On le met au four, on claque la porte, on le sort, et voilà, on a fait le Brexit !", a déclaré Boris Johnson.
Arrivé au pouvoir fin juillet avec la promesse de sortir son pays de l'Union européenne, l'ancien maire de Londres consacre ses derniers déplacements au nord et au centre de l'Angleterre et au pays de Galles, régions traditionnellement acquises au Labour mais favorables au Brexit.
Il a convoqué ces élections avec l'espoir d'obtenir une majorité absolue lui permettant de sortir le processus de l'impasse et de tourner la page de cette saga qui divise profondément son pays depuis le référendum de 2016, remporté à 52% par le "leave".
"Mirages"
Son adversaire Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste, a lui rassemblé ses troupes avant l'aube à Glasgow, en Ecosse, où il espère battre les indépendantistes du SNP. Il a promis "espoir" et "sécurité" aux électeurs et attaqué Boris Johnson sur son manque de sincérité, l'accusant de "faire des promesses qui se transforment en mirages le lendemain".
Face à la récente progression du Labour dans les sondages, Boris Johnson fait planer le "véritable risque" d'un Parlement sans majorité, qui prolongerait la crise politique.
"Nous nous battons pour chaque vote", a-t-il déclaré mercredi 11 décembre.
Le dernier sondage de la campagne publié par l'Institut YouGov donne son Parti conservateur en tête des intentions de vote avec 339 sièges sur 650. C'est 20 députés de moins que lors des précédentes projections de YouGov, le 28 novembre, mais 22 de plus que par rapport au précédent scrutin de 2017.
Selon l'institut, un tel résultat constituerait "la meilleure performance des conservateurs depuis 1987", sous Margaret Thatcher. Mais la marge d'erreur, l'impact d'un éventuel vote utile et la récente tendance en faveur du Labour peuvent encore conduire à un Parlement sans majorité.
"Mouchoir de poche"
Le sondage YouGov laisse penser que les Tories sont parvenus à séduire les électeurs frustrés de ne pas avoir vu se réaliser leur vote en faveur du Brexit, au détriment du parti du Brexit, partisan d'une rupture nette avec l'UE.
De son côté, le Labour, favorable à un nouveau référendum laissant le choix entre un nouvel accord de Brexit et un maintien dans l'UE, semble avoir séduit des électeurs qui auraient pu se tourner vers le Parti libéral démocrate, qui promet de renoncer purement et simplement à la sortie.
Les conservateurs et les travaillistes promettent tous deux des changements radicaux: Boris Johnson s'engage à faire sortir le Royaume-Uni de l'UE d'ici fin janvier, après trois reports.
Le très à gauche leader travailliste Jeremy Corbyn promet une "révolution industrielle verte" et des milliards pour les services publics, notamment de santé, qui souffrent des conséquences d'années d'austérité.
Sur le Brexit, il compte organiser un nouveau référendum mais rester "neutre", une posture critiquée pour son manque de clarté.
"Tout le monde pense que tout sera terminé si les conservateurs gagnent, mais ce n'est pas le cas, ça va durer encore des années", soupire Judy Wilkinson, électrice rencontrée par l'AFP à Londres. "Tout le monde va en souffrir. Il y aura toujours des sans-abri et le changement climatique a tout simplement été oublié", alors que "c'est le problème le plus important auquel on doit faire face".
Même s'il est "contre le Brexit", Steve Banham estime qu'il faut accepter le résultat du référendum de 2016. Il votera conservateur, "parce qu'on a besoin d'aller de l'avant et que les entreprises ont besoin de clarté".
AFP/VNA/CVN