Reprise des négociations entre États-Unis et talibans à Doha

Les États-Unis ont repris samedi 7 décembre leurs négociations avec les talibans au Qatar, ont déclaré des sources afghane et américaine, trois mois après que le président Donald Trump a arrêté les efforts diplomatiques visant à mettre un terme à 18 ans de guerre en Afghanistan.

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L'émissaire américain chargé des négociations avec les insurgés afghans, Zalmay Khalilzad, lors de pourparlers à Doha, la capitale du Qatar.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Les États-Unis ont rejoint les discussions aujourd'hui à Doha. Elles seront centrées sur la réduction des violences pour mener à des négociations interafghanes et à un cessez-le-feu", a indiqué une source américaine proche du dossier. Le porte-parole des talibans au Qatar, Suhail Shaheen, a confirmé la tenue de discussions, affirmant qu'elles avaient repris "là où elles avaient été rompues" et "ont porté sur la signature d'un accord". Il a précisé sur Twitter que les négociations se poursuivraient.

Anas Haqqani, le frère du leader du réseau Jalaluddin Haqqani - une importante branche de la rébellion talibane -, a participé aux pourparlers, a également indiqué M. Shaheen. Anas Haqqani a été libéré en novembre par le gouvernement afghan en échange de la libération par les talibans de deux universitaires, un Américain et un Australien.

Le département d'État américain avait annoncé mercredi que l'émissaire américain chargé des négociations avec les insurgés afghans, Zalmay Khalilzad, se rendrait à une date non précisée à Doha pour "reprendre les discussions avec les talibans". L'ambassadeur américain s'était rendu le même jour à Kaboul pour rencontrer le président Ashraf Ghani et d'autres responsables.

Le 7 septembre, Donald Trump, qui a promis de "mettre fin aux guerres sans fin" et a fortiori au conflit afghan, le plus long de l'histoire des États-Unis, avait rompu les discussions directes et inédites menées depuis un an par M. Khalilzad, qui semblaient sur le point d'aboutir à un accord. Il avait par la même occasion annulé une invitation faite secrètement aux chefs des talibans à venir le rencontrer, en invoquant la mort d'un soldat américain dans un énième attentat des insurgés à Kaboul.

Après avoir assuré que les pourparlers étaient "morts et enterrés", il avait toutefois semblé assouplir sa position en laissant la porte ouverte au dialogue si les talibans mettaient fin à leurs attaques. Des contacts informels avaient ensuite été évoqués, mais jamais confirmés officiellement. Le 28 novembre, en Afghanistan pour soutenir ses troupes pour la fête de Thanksgiving, le président américain avait finalement annoncé la reprise des négociations.

"Ca va sûrement marcher"

"Les talibans veulent un accord, et nous les rencontrons. Nous leur disons qu'il faut un cessez-le-feu, ils ne voulaient pas de cessez-le-feu, et maintenant ils veulent un cessez-le-feu", avait-il déclaré. "Je pense que ça va sûrement marcher comme ça." Le projet d'accord quasiment scellé début septembre prévoyait un début de retrait progressif des 13.000 à 14.000 soldats américains, principale revendication des talibans.

En échange, ces derniers devaient s'engager à ne plus jamais laisser des "terroristes" agir depuis l'Afghanistan et à entamer un dialogue inédit avec le gouvernement de Kaboul. En revanche, seule une "réduction de la violence" était prévue. L'absence de cessez-le-feu dans pays épuisé par des décennies de conflits était un point particulièrement critiqué et l'accord n'avait pas reçu un franc soutien des autorités afghanes, tenues à l'écart des négociations.

Cette fois, les Américains mettent donc l'accent sur la nécessité d'une trêve, sans que l'on sache si les rebelles y sont prêts. Comme un préalable pour rétablir la confiance, Zalmay Khalilzad a salué dans un tweet les opérations des talibans contre le groupe jihadiste État islamique (EI) dans la province de Nangarhar, frontalière du Pakistan. Grâce à leur action et à celle des Occidentaux et des forces afghanes, "l'EI a perdu du terrain et des combattants", a-t-il souligné.

Selon un sondage du cercle de réflexion Asia Foundation publié cette semaine aux États-Unis, 88,7% des 17.812 Afghans interrogés soutiennent les efforts de paix avec les talibans. Et 64% d'entre eux pensent que la paix est possible, en hausse de dix points sur un an, même si les femmes, dont les droits ont été bafoués lorsque les talibans étaient au pouvoir entre 1996 et 2001, restent plus sceptiques.


AFP/VNA/CVN

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