JO-2020 : Duplantis-Lavillenie, le disciple qui s'est élevé plus haut que le maître

De chasseur d'autographe à "voleur" de record du monde, Armand Duplantis a grandi si vite... Grand favori pour l'or, il affrontera mardi 3 août une nouvelle fois Renaud Lavillenie, idole devenue grand frère, en quête lui d'une 3e médaille olympique à la perche.

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Le Suédois Armand Duplantis lors des qualifications des JO de Tokyo, le 31 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une photo, comme un petit trésor, traîne sur un vieux compte Facebook oublié : Renaud Lavillenie, en pleine course d'élan, a signé le cliché, "pour Armand", un gamin de 11 ans.

Le Français ignorait encore le surnom usuel du garçon, "Mondo", et que le petit phénomène avait déjà franchi 3,91 m à la perche. Dix ans et un peu plus de deux mètres plus tard, Duplantis a tout pour décrocher son premier titre olympique devant le Français.

"Ouah, c'est mon autographe", se rappelle Duplantis lorsque le cliché lui est présenté en interview.

"C'est fou de voir comment les choses changent. Tout est différent aujourd'hui mais ça ne semble pas si vieux... J'étais un énorme fan de Renaud. J'aimais tout ce qu'il faisait, comment il sautait. Le simple fait de pouvoir concourir contre lui, apprendre encore un peu de lui c'est cool".

Attention à la cheville

Depuis, le jeune Américain qui concourt pour la Suède, pays de sa mère, est devenu champion d'Europe en 2018 à 19 ans, vice-champion du monde en 2019, puis recordman du monde en 2020 avec 6,17 puis 6,18 m en février 2020.

Il n'a été battu qu'une seule fois en 28 concours ces deux dernières saisons, dont 18 achevés à plus de 6 m, faisant de lui l'immense favori à Tokyo.

Renaud Lavillenie, dans le même temps, perturbé par les blessures, a perdu de sa régularité et n'a plus gagné un titre international depuis les Mondiaux en salle de mars 2018.

Piteusement éliminé en qualifications des Mondiaux de Doha en 2019, il a repris du poil de la bête cette saison avec notamment un saut à 6,06 m cet hiver.

Malmené par deux nouvelles blessures, dont la dernière le 11 juillet à la cheville gauche, l'ex-recordman du monde (6,16 m) vise néanmoins une troisième médaille olympique après le titre de 2012 et l'argent de 2016, après s'être fait peur en qualifications.

"Devenus amis"

Renaud Lavillenie lors des qualifications des JO de Tokyo, le 31 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sa relation avec +Mondo+ dépasse la simple courtoisie. Il a plusieurs fois accueilli le phénomène chez lui près de Clermont-Ferrand.

"À force de grandir et de progresser nous sommes devenus amis, raconte Duplantis. Il est passé d'une idole à un concurrent mais aussi un ami".

"Je le regarde comme je regarde mes deux grands frères", souffle-t-il, touchant.

"C'est quelqu'un que j'apprécie énormément, on a cette relation humaine qui va au delà de la relation entre perchistes", abonde Lavillenie.

À Tokyo, il n'y aura pas de cadeau, même si les deux perchistes ne semblent plus jouer dans la même cour.

À "Mondo", on promet carrément un nouveau record.

"La victoire est mon seul but, tempère le Suédois. Dans un monde merveilleux je pourrais battre le record du monde et rendre ces Jeux légendaires, mais ces sont mes premiers JO et seul l'or occupe mon esprit".

Loin de ces considérations, Renaud Lavillenie arrive en 2e rideau avec les outsiders, s'il peut surmonter sa douleur à la cheville.

Sans le double champion du monde américain Sam Kendricks, positif au COVID-19, les médailles semblent plus accessibles derrière Duplantis.

Il rêve de devenir le troisième Français à monter sur le podium de trois éditions différentes des Jeux après Alain Mimoun (argent du 10.000 m en 1948, argent du 5.000 et 10.000 m en 1952, or du marathon en 1956) et Mahiedine Mekhissi (3.000 m steeple, argent en 2008 et 2012, bronze en 2016).

Alors Duplantis serait en droit de lui demander un nouvel autographe.

AFP/VNA/CVN

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