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Florent Manaudou à l'issue de sa finale sur 50 m libre aux JO de Tokyo, le 1er août. |
"J'ai arrêté, je suis revenu, je pense qu'il y a 95% des gens qui ne croyaient pas en moi, ça m'a boosté aussi. J'aime bien ça, moi", sourit, sa médaille autour du cou, le désormais triple médaillé olympique de l'aller simple (or en 2012, argent en 2016 et 2021), devenu seulement le troisième nageur de l'histoire à réaliser cette performance, après Alexander Popov et Gary Hall.
Avec quatre médailles olympiques - en cinq finales -, en ajoutant l'argent partagé du 4x100 m messieurs en 2016, Manaudou rejoint, à 30 ans, Alain Bernard au rang de nageur bleu le plus souvent récompensé aux JO.
Ce n'est pas la première fois que le cadet de la fratrie Manaudou, originaire d'Ambérieu-en-Bugey (Ain), surprend son monde.
Aux JO-2012 à Londres, il se fait spectaculairement un prénom, lui le petit frère de Laure, icône de la natation française, en s'offrant le 50 m depuis la ligne 7, à 21 ans et un an seulement après sa première sélection en Bleu.
Reconstruction en deux ans
Ses Mondiaux-2013 décevants mis à part (5e du 50 m, 8e du 50 m papillon), il assoit ensuite sa domination sur l'hyper sprint, avec quatre titres européens en 2014 (50 m, 100 m, 50 m papillon et 4x100 m), suivis de trois couronnes mondiales en 2015 (50 m, 50 m papillon et 4x100 m).
"Depuis tout petit, j'ai toujours été déterminé. Quand je voulais un truc, je l'avais. J'usais de tous les subterfuges pour", confiait alors le sprinter du CN Marseille.
Mais les JO-2016 ne lui sourient pas autant qu'il l'espérait : sur 50 m - pour un centième - comme sur 4x100 m, il doit se contenter d'argent là où il briguait l'or.
Florent Manaudou lors de la finale du 50 m libre des JO de Tokyo, le 1er août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ces Jeux de Rio, Manaudou les vit "plutôt mal", raconte-t-il avec le recul. "J'ai toujours nagé en fin de programme et l'ambiance d'une équipe peut apporter énormément. À Londres, le 4x100 m gagne, Camille (Muffat) et Yannick (Agnel) gagnent, il y a la médaille du 4x200 m dames, une émulation se crée et on se dit que c'est possible. À Rio, c'était totalement l'inverse".
Si bien que les JO-2016 terminés, il décide de quitter les bassins et se met au handball avec Aix-en-Provence.
Jusqu'à se lancer un défi de plus au printemps 2019 : replonger, à quinze mois des JO-2020, finalement un an de plus avec la pandémie, avec l'ambition folle de reconquérir l'or olympique.
Il a fallu se reconstruire un corps de nageur, lui que le hand a rendu "plus fort dans les jambes", mais moins "élastique" au niveau des articulations.
"Beaucoup plus heureux"
Réinstallé à Marseille à plein temps en 2021, où il vit avec la nageuse danoise Pernille Blume, elle-même médaillée de bronze du 50 m vendredi 30 juillet, Manaudou y réoriente son entraînement, moins porté sur la force, et s'allège d'une dizaine de kilos (entre 99 et 100).
"Ce qui s'accompagne d'une grosse prise de poids, c'est une grosse prise de force", décrypte son entraîneur Julien Jacquier. "Plusieurs fois, on a vu des erreurs dans ses 50 m, de la crispation, l'incapacité de terminer ses courses. Beaucoup de force et de tempo tout de suite" quand, au contraire, "il faut monter en puissance".
Il a fallu aussi se relever d'une série de compétitions frustrantes dans la dernière ligne droite avant Tokyo, avec un chrono qui refusait de descendre.
Malgré tout, "je suis beaucoup plus heureux dans ma vie maintenant", estimait Manaudou à quelques semaines des JO.
"J'ai construit un cocon, je suis entouré de mes amis, chose très importante pour moi, et pas focalisé que sur un objectif et l'entraînement", poursuivait-il.
"Je suis plus relâché, je n'ai plus besoin de gagner à tout prix, ajoutait-il. Avant, je me mettais plus cette pression. J'étais presque invaincu entre 2012 et 2016 et j'arrivais avec beaucoup de pression sur les épaules. Là, c'est différent, je suis loin d'être le meilleur sur le papier". Dans le bassin olympique, en revanche, pas si loin.