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Le nouveau Premier ministre italien Paolo Gentiloni (gauche) et son prédécesseur Matteo Renzi, le 12 décembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 61e gouvernement italien depuis 1946 a prêté serment lundi soir 12 décembre, mettant ainsi un terme à l'une des plus brèves crises politiques dans l'histoire de la République, cinq jours après la démission de Matteo Renzi.
Le passage de relais s'est poursuivi à 21h00 (20h00 GMT) avec le traditionnel échange de la clochette du Conseil des ministres entre Matteo Renzi, 41 ans, et Paolo Gentiloni, 62 ans, les deux hommes s'étant auparavant fait une chaleureuse accolade.
"J'ai fait de mon mieux pour former le nouveau gouvernement dans les délais les plus brefs conformément à l'invitation du président de la République et aussi dans l'intérêt de la stabilité de nos institutions", avait déclaré un peu plus tôt Paolo Gentiloni après avoir présenté son équipe au chef de l'État, Sergio Mattarella.
À l'issue d'une journée de consultations au cours de laquelle il a rencontré les représentants des différents groupes parlementaires, M. Gentiloni, lieutenant de l'ex-Premier ministre Matteo Renzi, a présenté un gouvernement peu remanié par rapport au précédent.
M. Gentiloni, qui était le ministre des Affaires étrangères, a annoncé que son successeur à la tête de la diplomatie italienne serait Angelino Alfano, le ministre de l'Intérieur sortant et ancien bras droit de Silvio Berlusconi. Dans ce jeu de chaises musicales, c'est l'ancien secrétaire d'État chargé des services secrets, Marco Minniti, qui remplace Angelino Alfano à l'Intérieur.
Comme attendu, le ministre des Finances, Pier Paolo Padoan, 66 ans, est maintenu dans ses fonctions dans un contexte de regain en Italie d'une crise bancaire récurrente.
Les portefeuilles de la Défense et de la Justice sont conservés par leurs titulaires, Roberta Pinotti et Andrea Orlando. De même que ceux de la Culture et de la Santé, détenus par Dario Franceschini et Beatrice Lorenzin,
Valeria Fedeli, 67 ans, fait pour sa part son entrée à l'Éducation en remplacement de Stefania Giannini, qui paie le prix de l'échec de sa réforme de l'école.
Quant à Maria-Elena Boschi, ancienne ministre des Réformes, proche de M. Renzi avec qui elle a porté la révision de la Constitution rejetée par les Italiens au référendum du 4 décembre, elle reste au gouvernement et hérite du secrétariat d'État à la présidence du Conseil, poste stragégique équivalent à celui de chef de cabinet.
"Un avatar"
Avant même l'annonce de la composition de son équipe, l'opposition avait dénoncé ce qu'elle considère comme un "avatar" du gouvernement Renzi.
La présidence du Conseil "ne veut pas prendre acte du non de 20 millions d'Italiens" pendant le référendum, a déploré lundi 12 décembre Beppe Grillo, le chef du M5S, annonçant sur son blog une grande manifestation avant le 24 janvier.
"Gentiloni est la photocopie perdante de Renzi", a de son côté regretté Matteo Salvini, le chef de la Ligue du Nord, un mouvement opposé à l'euro et à l'immigration.
Décidé à rester dans l'arène politique, Matteo Renzi a quant à lui assuré qu'il continuerait son combat pour moderniser l'Italie.
Devant la direction du Parti démocrate (PD, centre gauche), dont il reste le secrétaire général, il a souhaité lundi 12 décembre la convocation d'un congrès de ce parti et un "bon travail" à Paolo Gentiloni.
Première force politique du pays, le PD dispose de la majorité relative au Parlement.
Après le vote de confiance prévu pour mardi 13 décembre et mercredi 14 décembre devant les chambres, le nouveau gouvernement sera à pied d'œuvre pour faire face aux grandes échéances, à commencer par le Conseil européen de jeudi 15 décembre, puis la présidence du G7 (sept des pays les plus industrialisés de la planète) qui sera assurée par l'Italie à partir du 1er janvier.
À son ordre du jour également, la gestion de l'urgence après les séismes d'août et octobre dans le centre de l'Italie ainsi que la crise bancaire qui frappe plusieurs établissements de la péninsule, dont la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS).
Il lui faudra aussi travailler à l'indispensable révision de la loi électorale afin d'harmoniser celle qui est actuellement en vigueur pour la chambre des députés, élue à un scrutin à dominante majoritaire, avec celle pour le Sénat, élu à la proportionnelle.