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Des membres des forces syriennes dans un quartier repris d'Alep, le 11 décembre. |
L'exode des habitants de la zone rebelle d'Alep (Nord) s'est poursuivi dimanche 11 décembre avec la fuite de plus de 10.000 civils en quelques heures, "en raison des combats et des bombardements", a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"Ils se sont réfugiés dans des secteurs sous le contrôle des forces du régime, dans la partie ouest d'Alep", a précisé Rami Abdel Rahmane, le directeur de cette ONG qui dispose d'un large réseau d'informateurs en Syrie.
Selon lui, 120.000 personnes ont quitté Alep-Est depuis le lancement de l'offensive du régime mi-novembre.
Le régime contrôle désormais 85% des anciens quartiers tenus par les opposants et encercle les insurgés, ainsi que des civils, dans une zone où ils manquent de tout, notamment de nourriture.
Aucune information sur les pertes humaines n'était disponible dans l'immédiat. Le bilan était jusqu'à présent d'au moins 413 civils tués à Alep-Est depuis le début de l'offensive du régime le 15 novembre, selon l'OSDH.
Les insurgés répliquent en envoyant des tirs de roquettes vers les quartiers gouvernementaux, où au moins 139 civils ont péri depuis le début de l'opération.
La vie quotidienne, normale
Mais inexorablement l'armée avance et elle s'est désormais emparée du petit quartier d'Assila et de la grande majorité de Maadi, dans l'est d'Alep, selon l'OSDH.
"Tous les enfants d'Alep souffrent. Tous sont traumatisés", a déclaré dimanche 11 décembre Radoslaw Rzehak, chef du bureau du Fond des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) dans la cité dévastée. "Ils considèrent normal d'être bombardés, de devoir fuir, d'avoir faim, de se cacher dans des bunkers. Pour eux, ce n'est pas un danger. C'est la vie quotidienne, normale".
Des syriens attendent à un poste de contrôle d'Alep, le 10 décembre en Syrie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le pape François a lancé dimanche 11 décembre un appel pour la paix et la population d'Alep en Syrie.
À Genève (Suisse), les Russes et les Américains continuaient leurs discussions dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 décembre pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu à Alep, ainsi que des évacuations humanitaires. Samedi 10 décembre, le secrétaire d'État américain John Kerry avait tenté de faire appel à la "compassion" de la Russie.
Une source au sein du département d'État a indiqué à l'AFP dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 décembre qu'"il n'y a rien de nouveau à Genève, les négociations continuent".
Le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, a résumé le sentiment de nombreux responsables étrangers en déclarant sur la BBC s'attendre, "malheureusement", à "la chute d'Alep".
La perte attendue d'Alep-Est, place forte de l'opposition, est "politiquement très importante" car elle va "briser l'opposition armée", estime Yezid Sayigh, expert au Centre Carnegie Moyen-Orient, à Beyrouth. Parallèlement, "l'idée que Damas puisse être renversé militairement est définitivement abandonnée" plus de cinq ans et demi après le début de la guerre.
L'EI a repris Palmyre
Mais pour les experts, l'armée syrienne, dont les effectifs sont réduits, reste très dépendante de ses alliés russe et iranien, comme l'illustre l'offensive lancée par l'EI sur la ville antique de Palmyre.
Profitant du fait que le gros des troupes du régime était mobilisé à Alep, les jihadistes ont repris dimanche 11 décembre la totalité de cette ville du Centre du pays, qu'ils avaient perdue en mai.
Après plusieurs jours de combats et malgré une intervention de grande ampleur de l’aviation russe ce week-end, l’EI a repris le contrôle de la cité antique de Palmyre, située dans l’est de la Syrie et classée au Patrimoine mondial de l’humanité.
Les djihadistes avaient déclenché, le 8 décembre, une offensive contre la ville. La Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, a intensivement bombardé «des positions, des convois et des regroupements (de membres de l’EI)» dans la nuit de samedi à dimanche au cours de «64 attaques aériennes». Ces dernières n’ont pas empêché les troupes djihadistes, composées de près de 4.000 hommes, dont une bonne partie en provenance de la ville syrienne de Rakka, selon Moscou, de reprendre la ville.
AFP/VNA/CVN