Le secrétaire d'État américain John Kerry (gauche) a rencontré, le 2 janvier à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. |
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M. Kerry devait revoir M. Netanyahu le matin du 3 janvier avant d'être reçu dans la soirée à Ramallah (Cisjordanie) par le président palestinien Mahmoud Abbas. Le chef de la diplomatie américaine est arrivé au moment où l'ex-Premier ministre Ariel Sharon, dans le coma depuis huit ans, se trouve dans un état jugé "critique" par les médecins. Il assuré ses hôtes que "tous les Américains ont une pensée pour Israël et son ancien dirigeant".
Au cours de sa mission de quatre jours, le secrétaire d'État entend discuter avec Israéliens et Palestiniens d'un projet d'"accord-cadre" américain traçant les grandes lignes d'un règlement définitif.
"J'ai l'intention de travailler avec les deux parties plus intensément dans les prochains jours pour aplanir les divergences sur un cadre qui offrirait les lignes directrices agréées pour les négociations sur le statut final", a expliqué M. Kerry à son arrivée.
"Un accord-cadre accepté (par les deux camps) serait une percée significative qui permettrait de couvrir tous les problèmes de fond", comme les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés, a-t-il fait valoir. Mais Israéliens et Palestiniens s'accusent mutuellement de saboter les efforts de paix.
M. Netanyahu a dénoncé le fait que les prisonniers palestiniens relâchés cette semaine ont été accueillis en "héros" par le président Abbas. "On doute de plus en plus en Israël que les Palestiniens soient engagés pour la paix", a-t-il averti.
M. Netanyahu a félicité le Shin Beth, le service de sécurité intérieur, qui a annoncé tard jeudi 2 janvier l'arrestation de 13 Palestiniens et d'un Arabe israélien soupçonnés d'être impliqués dans un attentat à la bombe contre un autobus le 22 décembre à Bat Yam, près de Tel-Aviv. Quatre des suspects, dont un élève policier, appartiennent au groupe radical Jihad islamique.
Colonisation et vallée du Jourdain
Plusieurs contentieux, en particulier l'extension des colonies à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée et le statut de la vallée du Jourdain, devraient peser sur les entretiens de John Kerry.
Sa visite coïncide en outre avec une recrudescence des violences en Cisjordanie et à Gaza. Un Palestinien est mort dans la nuit du 1er au 2 janvier après avoir inhalé des gaz lacrymogènes utilisés par l'armée israélienne pour disperser un rassemblement.
À Gaza, un Palestinien de 16 ans a été grièvement blessé le 2 janvier par un tir israélien près de la clôture de sécurité avec Israël. Un roquette a été tirée de Gaza dans la soirée sans faire de dégâts.
Côté palestinien, le président Abbas a menacé de saisir des instances internationales contre "le cancer de la colonisation" israélienne et renouvelé son refus de "toute présence militaire israélienne dans des territoires appartenant à l'État indépendant de Palestine", allusion à la vallée du Jourdain, aux frontières de la Cisjordanie et de la Jordanie.
Selon le quotidien israélien Maariv, lors de son dernier déplacement en décembre, John Kerry a proposé "une présence militaire israélienne limitée aux points de passage sur le Jourdain pour un nombre limité d'années".
"L'accord-cadre proposé (par Washington) limite la souveraineté palestinienne sur le sol palestinien", a déploré le 2 janvier le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo.
"Ce qui ferait vraiment progresser les discussions serait de dessiner les frontières entre l'État palestinien et Israël, fondées sur les lignes de 1967 (...), et d'établir un calendrier précis pour le retrait (israélien) de tout le territoire palestinien", a avancé M. Abed Rabbo.
Une commission ministérielle israélienne a adopté le 29 décembre un projet de loi, présenté par la droite ultra-nationaliste, qui prévoit l'annexion de la vallée du Jourdain même en cas d'accord de paix.
Bien qu'il ait, selon les commentateurs israéliens, surtout une valeur symbolique, ce projet a été dénoncé par les Palestiniens, qui acceptent uniquement le déploiement d'une force internationale dans la vallée du Jourdain, une solution rejetée par Israël.
Le matin du 2 janvier, une délégation de députés de droite et d'extrême droite, conduite par le ministre israélien de l'Intérieur, Gideon Saar, a inauguré une implantation juive dans la vallée du Jourdain "qui est israélienne et le restera", selon eux.
Dans la soirée, plusieurs centaines d'Israéliens ont manifesté bruyamment devant l'hôtel où est descendu John Kerry pour réclamer la libération de l'espion israélien Jonathan Pollard, détenu depuis près de 30 ans aux États-Unis.
AFP/VNA/CVN