Irak : prise d'otages sanglante dans une église de Bagdad

Une messe en plein coeur de Bagdad s'est terminée en carnage le 31 octobre lorsqu'un groupe d'Al-Qaïda a pénétré dans la cathédrale syriaque catholique, tuant deux prêtres et 35 fidèles, et en blessant 56 autres.

Cette attaque, perpétrée la veille de la Toussaint, est l'une des plus meurtrières commises contre les chrétiens en Irak. Elle a été revendiquée par un groupe de la mouvance d'Al-Qaïda qui a donné un ultimatum de 48 heures à l'Église copte d'Égypte pour libérer des musulmanes "emprisonnées dans des monastères" de ce pays, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE).

"Il y a eu 37 otages tués, dont 5 femmes et 7 enfants, et 56 blessés, dont 10 femmes et 8 enfants, dans l'attaque le 31 octobre de l'église à Bagdad", a affirmé un responsable du ministère de l'Intérieur sous couvert d'anonymat. Dans l'assaut, 7 membres des services de sécurité ont été tués et 15 autres ont été blessés, a-t-il précisé.

Par ailleurs, "cinq terroristes ont péri et 8 suspects ont été arrêtés", a dit ce responsable. Selon lui, une centaine de fidèles se trouvaient dans l'église au moment de l'attaque.

Selon l'évêque chaldéen de Bagdad, Shlimoune Wardouni, deux prêtres de la cathédrale Sayidat al-Najat (Notre-Dame du Perpétuel secours), dans le quartier de Karrada, ont été tués et un troisième a reçu une balle dans les reins. "C'est un immense sentiment de tristesse qui m'envahit. Que peut-on dire? C'est inhumain. Même les animaux ne se comportent ainsi entre eux", a-t-il déclaré.

La cathédrale ressemble à un champ de bataille, a constaté un photographe de l'AFP. Le sol et les murs sont maculés de sang et criblés de balles. Des morceaux de chair sont visibles dans ce lieu saint. Les pupitres sont détruits ou renversés, et il y a partout du verre brisé.

Pour le père Yousif Thomas Mirkis, responsable de l'ordre des Dominicains, "l'opération a été préparée de longue date, au vu des armes et des munitions qui ont été retrouvées dans la cathédrale. Cela prend du temps pour les introduire".

Le vicaire épiscopal des syriaques catholiques, Mgr Pios Kasha, qui s'est rendu dans la cathédrale dévastée, a déploré "un vrai carnage". "Ce qui est certain, c'est que les membres de ma communauté vont tous quitter l'Irak", a-t-il dit.

"Des hommes, portant des habits militaires, ont pénétré dans l'église avec leurs armes et ont immédiatement tué un prêtre. Je me suis réfugié dans une petite salle où se trouvaient quatre autres fidèles", a raconté un otage, âgé de 18 ans, qui n'a pas voulu donner son nom.

"Peu après, deux des hommes armés sont entrés dans la pièce, ont tiré en l'air et sur le sol, blessant trois personnes, puis nous ont poussés dans la nef. Il y a eu ensuite des échanges de tirs et nous avons entendu des bruits d'explosions. Des vitres sont tombées sur les gens", a-t-il ajouté.

Les forces de sécurité irakiennes ont donné l'assaut vers 20h50 (18h00 GMT), avec les troupes américaines --qui malgré la fin de leur mission de combat fin août, peuvent toujours utiliser la force, si elles sont attaquées ou si l'Irak sollicite leur aide.

"C'est une situation très triste qui confirme la situation difficile dans laquelle vivent les chrétiens dans ce pays", a affirmé le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

Le 12 octobre, lors du synode sur le Moyen-Orient au Vatican, l'archevêque de Kirkouk (Nord) s'était inquiété de l'"exode mortel" des chrétiens d'Irak, affirmant que ceux-ci veulent "vivre en paix et en liberté au lieu de survivre".

Selon les chiffres de l'Église, les catholiques en Irak sont passés de 2,89% de la population en 1980 (378.000) à 0,94% en 2008 (301.000).

AFP/VNA/CVN

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