Après le Sénat le 26 octobre, le vote de la loi, l'une des plus contestées en France ces 15 dernières années, devait intervenir en milieu d'après-midi, alors que la majorité de droite entrevoyait une sortie du conflit social.
"Le conflit touche à sa fin", titrait le 27 octobre le quotidien conservateur Le Figaro, proche du pouvoir. "Il y a un temps syndical et un temps parlementaire. Dans les démocraties modernes, il y a un principe : le parlement vote la loi et quand la loi est votée, on l'applique", a déclaré le président du groupe majoritaire UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé.
Tout en se gardant de crier victoire, le gouvernement notait que les grèves très dures dans les transports, les raffineries ou le ramassage des ordures, qui ont failli paralyser la France la semaine dernière, sont en net reflux.
Le ministre du Travail, Eric Woerth, soulignait le 27 octobre "des signes positifs", dans un entretien au quotidien La Tribune. "Je constate aussi que le blocage du pays n'est absolument pas soutenu par les Français", a-t-il ajouté.
La veille, le gouvernement avait en particulier annoncé que la reprise du travail avait été votée dans cinq raffineries sur les 12 que compte le pays. En début de semaine, elles étaient toutes en grève, ce qui s'était traduit par de graves pénuries d'essence.
Le 27 octobre, dans l'ensemble du pays, une station-service sur cinq restait cependant incapable de fournir du carburant.
Dans les chemins de fer également, le mouvement de grèves reconductible s'essouffle. Le trafic des trains à grande vitesse (TGV) devait être quasiment normal le 27 octobre.
La mobilisation contre cette réforme subira un test majeur aujourd'hui, avec la septième journée nationale de grèves et de manifestations organisée par les syndicats.
Les autres journées de ce genre avaient été des succès. À la mi-octobre, entre 1,2 et 3,5 millions de personnes, selon les sources, étaient descendues dans la rue contre le projet emblématique de la fin de mandat de Nicolas Sarkozy, dont la mesure principale est le recul de 60 à 62 ans de l'âge minimal de départ en retraite.
"Notre objectif n'est pas de battre des records", a concédé le 27 octobre Bernard Thibault, le secrétaire général du syndicat CGT, dans un entretien au journal Libération.
"Mais d'après les remontées du terrain (...), nous assisterons encore à un bon niveau de mobilisation, ce qui montrera que le niveau de révolte n'a pas diminué", a-t-il ajouté.
Pour Bernard Thibault, les Français restent très majoritairement opposés au projet de réforme des retraites. "Mais la manière de s'y opposer évolue", a-t-il précisé. Après la journée d’aujourd'hui, les syndicats prévoient de nouvelles manifestations le 6 novembre.
Certains leaders syndicaux ont appelé Nicolas Sarkozy à ne pas promulguer la loi. En France, c'est cette promulgation qui déclenche la mise en oeuvre du projet. Mais le gouvernement a assuré que la loi serait bien appliquée dès la mi-novembre, après que le Conseil constitutionnel aura examiné le recours que l'opposition socialiste entend déposer.
Ce tout dernier épisode du feuilleton des retraites coïncidera avec un remaniement ministériel, prévu depuis des mois par Nicolas Sarkozy et qui pourrait se traduire par un changement de Premier ministre.
François Fillon pourrait céder sa place et, selon les pronostics, l'actuel ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, un centriste, est le mieux placé pour le remplacer.
Impopulaire, malmené dans les sondages, le président français cherchera aussi à se relancer sur la scène internationale, en prenant la présidence du G20 à la mi-novembre et celle du G8, en janvier.
AFP/VNA/CVN