>>Irak : le Premier ministre désigné fait des promesses aux manifestants
>>Irak : les manifestants déterminés malgré les coups de boutoir du pouvoir
Le Premier ministre désigné Mohammed Allawi prononce une allocution télévisée le 19 février. |
Avec le départ de M. Allawi, le président de la République, Barham Saleh, a désormais 15 jours pour proposer un candidat pour former le futur gouvernement. Il va le choisir seul, sans cette fois demander l'avis des grands blocs parlementaires comme l'y obligeait la Constitution lors de la désignation de M. Allawi.
Lorsqu'Adel Abdel Mahdi a démissionné en décembre, l'Irak a plongé dans le flou juridique. La Constitution ne prévoit pas l'option d'une démission du Premier ministre et cela n'était jamais arrivé.
Qui pour la succession ?
L'échec du candidat désigné par un consensus entre partis à obtenir la confiance du Parlement (qui par deux fois n'est pas parvenu à réunir le quorum) est également sans précédent.
Il n'est donc pas clair quelle procédure sera appliquée et sous quel délai, tant les députés sont jusqu'ici parvenus à jouer la montre et à trouver des parades pour contourner les délais constitutionnels.
Dimanche 1er mars, pour la troisième fois en une semaine, ils ont repoussé l'échéance du vote de confiance d'un gouvernement censé renouveler un système politique jugé corrompu et incompétent par des milliers d'Irakiens dans les rues depuis cinq mois.
Des étudiants manifestent à Nasiriyah, dans le Sud de l'Irak, le 1er mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Seuls 108 députés sur 329 se sont présentés à la séance extraordinaire convoquée en pleines vacances parlementaires à l'Assemblée, située dans la Zone verte de Bagdad.
M. Allawi, deux fois ministre ces dernières années, ne satisfaisait pas la rue même s'il avait promis un cabinet "historique", composé uniquement de ministres non partisans et compétents.
De nombreux manifestants réclament qu'un des leurs, Alaa al-Rikaby, un pharmacien d'une quarantaine d'années résidant à Nassiriya, ville à la pointe de la contestation dans le Sud, devienne Premier ministre.
Le démissionnaire Abdel Mahdi, lui, a déjà prévenu qu'il quitterait ses fonctions quoi qu'il arrive lundi 2 mars. Il ne serait, a-t-il redit dimanche 1er mars, "ni juste ni adéquat" de conserver son poste au-delà de la date-butoir du 2 mars.
Quelques minutes après l'annonce de M. Allawi lors d'une allocution télévisée qu'il renonçait à former un gouvernement, M. Saleh a annoncé "travailler à choisir un candidat de remplacement". Selon plusieurs sources politiques, il a déjà depuis des semaines arrêté son choix : il veut très probablement nommer le chef du renseignement Moustafa al-Kazimi.
Ministères "à vendre"
M. Allawi, lui, a dénoncé dans une lettre adressé à M. Saleh "des parties qui ne négocient que pour leurs propores intérêts sans aucun respect pour la cause nationale", dans le seizième pays le plus corrompu au monde où les politiciens avouent "acheter" et "vendre" postes et ministères.
Le turbulent et très versatile leader chiite Moqtada Sadr, qui n'a cessé de souffler le chaud et le froid tant vis-à-vis des autres politiciens que des manifestants qui les conspuent, a salué une décision prise "par amour de l'Irak", dénonçant "des corrompus" prenant le pays "en otage".
Le successeur de M. Allawi aura la lourde tâche de renouer avec des Irakiens en colère, après cinq mois d'une révolte inédite émaillée par près de 550 morts et 30.000 blessés, quasiment tous des manifestants, dont un a de nouveau été tué dimanche 1er mars, selon des sources médicales.
Dans la nuit de dimanche 1er à lundi 2 mars de nouveau, deux roquettes se sont abattues dans l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad, a indiqué l'armée irakienne. Elles sont tombées près de l'ambassade des États-Unis, a précisé une source de sécurité.
Depuis la fin octobre, 20 attaques à la roquettes contre des soldats, des diplomates ou des installations des États-Unis en Irak ont tué un sous-traitant américain et un soldat irakien.
AFP/VNA/CVN