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>>Afghanistan : début d'une trêve historique
Le représentant spécial américain Zalmay Khalilzad (2e à gauche) et le chef politique des talibans afghans Abdul Ghani Baradar (2e à droite) signent un accord historique le 29 février à Doha. |
Le président américain Donald Trump a cependant d'emblée prévenu que "si les choses se passent mal, nous y retournerons". Il rencontrera "bientôt" les dirigeants talibans, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Washington.
L'accord négocié pendant un an et demi au Qatar a été signé par les principaux négociateurs des deux parties ennemies, Zalmay Khalilzad côté américain et le chef politique des insurgés afghans, Abdul Ghani Baradar, en présence du secrétaire d'État Mike Pompeo.
MM. Khalilzad et Baradar se sont serré la main sous les applaudissements et les cris "Allah Akbar".
Ce texte n'est pas un accord de paix à proprement parler, car les autorités afghanes, elles-mêmes aux prises avec les divisions nées d'une élection présidentielle contestée, ont jusqu'ici été tenues à l'écart de ces pourparlers directs sans précédent.
Mais les Américains s'engagent à entamer immédiatement un retrait graduel de leurs troupes, pour les ramener d'environ 13.000 actuellement à 8.600 d'ici 135 jours.
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'adresse à la cérémonie de signature de l'accord entre les États-Unis et les talibans afghans. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un calendrier de principe prévoit le retrait total de toutes les forces étrangères d'Afghanistan "au cours des 14 mois suivant la signature de l'accord", selon le texte.
Leur départ est toutefois lié au respect par les talibans de leurs engagements sécuritaires et aux progrès dans les négociations interafghanes à venir, selon des hauts responsables américains.
En contrepartie de cette revendication-clé des talibans, ceux-ci s'engagent à bannir tout acte de terrorisme depuis les territoires qu'ils contrôlent et à entamer de véritables négociations avec le gouvernement de Kaboul avec lequel ils refusaient jusqu'ici de parler.
Ces négociations doivent commencer d'ici le 10 mars, selon l'accord, probablement à Oslo.
Ne pas "crier victoire"
"Si les talibans ne respectent pas leurs engagements, ils perdront leur chance de s'asseoir avec les autres Afghans et délibérer de l'avenir de leur pays", a lancé le chef du Pentagone Mark Esper, qui était lui à Kaboul pour signer une déclaration conjointe avec le gouvernement afghan.
"Les États-Unis n'hésiteraient pas à annuler l'accord", a-t-il prévenu.
Zalmay Khalilzad (gauche) et Abdul Ghani Baradar se serrent la main après la signature de l'accord entre les États-Unis et les talibans afghans. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les talibans assurent qu'ils respecteront leurs engagements.
"Puisque l'accord est signé aujourd'hui, et que notre peuple est heureux et le célèbre, nous avons arrêté toutes nos opérations militaires dans tout le pays", a fait valoir à Kaboul Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans.
Dans l'immédiat, le président américain Donald Trump brandira le pacte pour clamer, en campagne pour sa réélection dans huit mois, qu'il a tenu l'une de ses promesses phares : mettre fin à la plus longue guerre des États-Unis.
Malgré les critiques de certains observateurs pour qui elle concède trop pour trop peu, l'administration Trump assure que les garanties fournies par les insurgés répondent à la raison première de l'intervention américaine, lancée en représailles aux attentats du 11-Septembre 2001 ourdis par Al-Qaïda depuis l'Afghanistan alors dirigé par les talibans.
Aux termes de l'accord, "les talibans n'autoriseront aucun de leurs membres, ou d'autres individus ou groupes, dont Al-Qaïda, à utiliser le sol afghan pour menacer la sécurité des États-Unis et de leurs alliés".
"C'est un premier pas décisif et historique quant à leur reconnaissance publique qu'ils rompent les liens avec Al-Qaïda", a assuré un responsable américain.
Saluant la "meilleure chance de paix en une génération", Mike Pompeo a appelé les talibans à "tenir la promesse de rupture avec Al-Qaïda", et à ne pas "crier victoire".
"Réduire la violence"
Les responsables américains se disent aussi rassurés par la période de "réduction de la violence" de sept jours globalement respectée par les États-Unis, les talibans et les forces afghanes préalablement à la signature de samedi.
Cette trêve partielle était une exigence du président américain qui avait brusquement annulé la signature de l'accord en septembre après la mort d'un soldat américain dans un énième attentat à Kaboul.
Les belligérants sont maintenant censés s'entendre rapidement sur un cessez-le-feu total lors des négociations interafghanes.
Quelque 30 pays étaient représentés à Doha, mais pas le gouvernement afghan qui a toutefois dépêché en amont une petite délégation pour une "première prise de contact" avec les talibans.
L'accord de Doha est un "important premier pas vers un processus de paix global" en Afghanistan, a estimé l'Union européenne. "L'occasion actuelle de faire la paix ne doit pas être manquée".
Les talibans ont été chassés du pouvoir par une coalition internationale menée par les États-Unis après les attentats de 2001. Ils ont ensuite mené une guérilla incessante.
Entre 32.000 et 60.000 civils afghans ont été tués dans ce conflit, selon l'ONU, et plus de 1.900 militaires américains.
Pour Robert Malley, président de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group, "aucun accord n'est parfait", mais celui de samedi 29 février "représente le meilleur espoir d'avancer vers la fin d'une guerre qui a duré deux décennies".