Afghanistan
Washington et les talibans à Doha pour signer un accord historique

Les États-Unis et les talibans doivent signer samedi 29 février à Doha un accord historique qui ouvre la voie à un retrait des troupes américaines après plus de 18 ans de guerre en Afghanistan et à des négociations de paix inédites qui s'annoncent périlleuses.

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Une photo prise le 8 juillet 2019 montre l'émissaire américain chargé des négociations avec les insurgés afghans, Zalmay Khalilzad, lors de pourparlers à Doha, la capitale du Qatar.

Le président américain Donald Trump a exhorté vendredi 28 février les Afghans à "saisir la chance de la paix".

"Si les talibans et le gouvernement afghan parviennent à respecter leurs engagements, nous aurons une voie toute tracée pour mettre fin à la guerre en Afghanistan et ramener nos soldats à la maison", a-t-il ajouté.

Le texte négocié pendant un an et demi au Qatar, et que des émissaires américains et rebelles doivent parapher vers 11h00 GMT, n'est pas un accord de paix à proprement parler.

Les autorités afghanes, elles-mêmes aux prises avec les divisions nées d'une élection présidentielle contestée, ont en effet jusqu'ici été tenues à l'écart de ces pourparlers directs sans précédent. Et seule une "réduction de la violence" est prévue à ce stade plutôt qu'un réel cessez-le-feu.

"Nous sommes à l'orée d'une opportunité historique pour la paix", a pourtant assuré à l'approche de la signature le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, tandis qu'un chef des talibans, Sirajuddin Haqqani, affirmait dans le New York Times que "tout le monde" était "fatigué de la guerre".

Retrait progressif

"Il y a tellement de spéculations sur le contenu de l'accord", dit Andrew Watkins, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group. "On connaît les grandes lignes mais on ne sait même pas avec certitude si tous les termes de l'accord seront rendus publics".

Ces contours sont connus depuis septembre, lorsque sa signature, imminente, a été brusquement annulée par Donald Trump qui avait invoqué la mort d'un soldat américain dans un énième attentat à Kaboul.

Cette fois, les belligérants se sont entendus sur une période d'une semaine de "réduction de la violence", globalement respectée sur le terrain, et qui prend fin ce samedi 29 février.

Des forces de sécurité afghanes sur les lieux d'un attentat suicide, le 11 février à Kaboul.

Sauf incident de dernière minute, les négociateurs américains, menés par Zalmay Khalilzad, pourront signer ce pacte que le président américain brandira pour clamer, en campagne pour sa réélection dans huit mois, qu'il a tenu une de ses promesses phares : mettre fin à la plus longue guerre des États-Unis.

Les termes du marché conclu entre les ennemis est le suivant : l'Armée américaine va commencer à se retirer d'Afghanistan, une revendication-clé des talibans, qui en contrepartie s'engageront à bannir tout acte de terrorisme depuis les territoires qu'ils contrôlent et à entamer de véritables négociations de paix avec le gouvernement de Kaboul - avec lequel ils refusaient jusqu'ici de parler.

Malgré les critiques de certains observateurs qui estiment qu'elle concède trop pour trop peu, l'administration Trump assure que les garanties antiterroristes fournies par les insurgés répondent à la raison première de l'intervention américaine, lancée en représailles aux attentats du 11-Septembre 2001 ourdis par Al-Qaïda depuis l'Afghanistan alors dirigé par les talibans.

"Étape préliminaire"

Dans un premier temps, les Américains devraient ramener leurs troupes d'environ 13.000 soldats aujourd'hui à 8.600 dans les prochains mois. Le calendrier et l'ampleur des retraits ultérieurs demeurent plus vagues, même si le milliardaire républicain n'a pas fait de mystère sur le fait qu'il veut "ramener les gars à la maison" et "mettre fin aux guerres sans fin".

Washington insiste toutefois pour assurer que le retrait sera progressif et conditionnel au respect des engagements des talibans.

Quelque 30 pays devraient être représentés samedi 29 février à Doha, mais pas le gouvernement afghan qui a toutefois dépêché une petite délégation pour une "première prise de contact" avec les talibans.

Parallèlement, selon des médias afghans, les États-Unis organiseront une cérémonie avec le gouvernement afghan à Kaboul, également samedi après-midi 29 février.

Après ces cérémonies, des négociations interafghanes devraient ensuite commencer relativement rapidement, dans une ville à déterminer - Oslo a été évoquée par le passé.

"Aujourd'hui, ce n'est qu'une étape préliminaire pour le début de ce processus, ce n'est pas encore un motif de célébration pour le gouvernement et ses alliés", estime Andrew Watkins.

Entre 32.000 et 60.000 civils afghans ont été tués dans ce conflit, selon l'ONU, et plus de 1.900 militaires américains.

AFP/VNA/CVN

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