La basse vallée de l'Indus, dans la province méridionale du Sind, est devenue ces derniers jours la région la plus inondée du Pakistan, à mesure que dans les autres, essentiellement le Nord et le Centre, les eaux ont fait place à la boue, mettant au jour la pire catastrophe humanitaire de l'histoire de ce pays de près de 170 millions d'habitants.
Depuis début août, plus de 7 millions de personnes ont été déplacées dans le Sind, dont plus d'un million entre vendredi et le 28 août, selon l'ONU et les autorités locales.
Cet exode se poursuivait çà et là hier mais commençait à se tarir, "la quasi-totalité des gens ayant fui les zones menacées", a expliqué Hadi Bakhsh Kalhoro, un haut responsable du district de Thatta, le plus affecté.
Là, champs et villages sont sous un gigantesque lac d'eau boueuse d'où affleurent quelques arbres, toits et minarets. De pauvres hères ont élu domicile sur le sommet de digues qui ont résisté, ont témoigné des journalistes de l'AFP embarqués dans un hélicoptère de l'armée qui leur larguait des vivres le 28 août.
Thatta, le chef-lieu du district, est devenu depuis 2 jours une ville fantôme, vidée de la plupart de ses 300.000 habitants. La ville "demeure épargnée mais les eaux sont toujours à 2 km", a souligné M. Kalhoro.
Trois digues qui la protégeaient ont rompu vendredi et l'armée, épaulée par des ouvriers municipaux, s'emploie depuis à combler la principale brèche, d'une vingtaine de mètres, à environ 2 km de la ville, ont constaté les journalistes de l'AFP.
"Les militaires et les ouvriers sont sur le pied de guerre pour vaincre les eaux et sauver Thatta, nous espérons y parvenir dans les 2 prochains jours", a estimé M. Kalhoro. Car plus au nord, à Hyderabad, la sixième ville du pays avec 2,5 millions d'habitants considérée désormais comme sauvée des eaux, les flots commencent timidement à baisser, a-t-il ajouté.
À la digue de Kotri, qui protège Hyderabad, l'ingénieur Qadir Palijo le confirme : "Le niveau baisse doucement, le processus est lent mais nous espérons qu'il va s'accélérer dans 2 jours". Les pluies, diluviennes, ont cessé depuis le 17 août.
Cette décrue s'opérera ensuite plus au sud "mais les niveaux continuent pour l'heure de monter" dans le district de Thatta, a observé l'ingénieur.
Ainsi, à 33 km au sud-est de Thatta, les flots ont pénétré dans la nuit dans la ville de Sujawal, vidée de "97% de ses 120.000 habitants", a indiqué hier M. Kalhoro. "Nous évacuons aujourd'hui les derniers", a-t-il assuré. "Sujawal va certainement être inondée".
Le ministre de l'Intérieur du Sind, Zulfiqar Mirza, a cependant prévenu le 28 août que "quelques milliers" de personnes sont restées volontairement" dans les zones inondées.
"Cette catastrophe est pire que le tsunami, Katrina et le séisme de 2005", qui avait fait plus de 73.000 morts dans le Nord du Pakistan, a lancé le ministre.
Un mois après le début des inondations, quelque 8 millions de sinistrés, dont environ 5 millions de sans-abri, ont besoin d'une aide d'urgence, selon l'ONU. Et l'exode massif du Sind va sans doute gonfler ces chiffres.
Le bilan de 1.600 morts va aussi considérablement augmenter à mesure que les eaux vont se retirer, ont prévenu les autorités.
AFP/VNA/CVN