La réduction progressive des effectifs de l'armée américaine en Irak, où 4.417 soldats ont perdu la vie depuis 2003, a coïncidé ces derniers mois avec une augmentation du nombre d'attentats contre les forces irakiennes, qui ont soulevé des inquiétudes quant à l'état de préparation de ces dernières.
Le chef de l'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a même jugé récemment prématuré le retrait américain, exhortant les États-Unis à demeurer dans son pays jusqu'à ce que l'armée soit complètement prête en 2020.
Cependant, Washington s'en est tenu à sa stratégie de retrait graduel, qui doit aboutir fin 2011 au départ du dernier soldat américain.
Le niveau des attaques est sans commune mesure avec celui des années 2006 et 2007, quand chaque mois 2.000 personnes trouvaient la mort dans les violences confessionnelles entre sunnites et chiites ou des attentats commis par les insurgés. Mais, depuis le début de l'année, 300 Irakiens périssent chaque mois de mort violente.
Cette montée de l'insécurité coïncide avec une crise politique due à l'incapacité des partis politiques, près de 6 mois après les législatives, à former un gouvernement.
L'effectif de l'armée américaine est désormais de 49.700 -soit moins du tiers de ce qu'il était en 2007- et devrait se maintenir à ce niveau jusqu'à l'été 2011 afin de se consacrer à la formation des forces irakiennes.
"Il reste encore des problèmes mais en circulant dans le pays, il apparaît clairement que l'Irak a bien changé depuis 3 ans et que les forces de sécurité irakiennes sont bien plus qualifiées qu'auparavant", a affirmé lundi le chef des forces américaines en Irak, le général Ray Odierno, lors d'une rencontre avec des journalistes.
Mais il a aussi fait part de son inquiétude face à la crise politique. "Les gens sont très frustrés et cela représente un danger potentiel si les politiciens n'y prennent pas garde", a-t-il dit en excluant toutefois la possibilité d'un coup d'état militaire.
Les experts évoquent également le climat politique délétère. Brian Fishman, de la Fondation New America de Washington, partage l'opinion du général Odierno selon laquelle il "est temps que les forces américaines rentrent". "Ce retrait va certes laisser un plus grand espace pour les groupes armés mais le vrai problème, c'est l'impasse politique. Plus elle durera, plus des gens soutiendront ouvertement ou discrètement la violence comme moyen d'ébranler le système". "Les forces de sécurité irakiennes sont assez fortes", estime-t-il. "Le problème ce sont les politiciens et les États-Unis ne peuvent régler les problèmes à leur place."
Ni le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, ni l'ancien chef de gouvernement Iyad Allawi n'ont jusqu'a présent été capables de former une coalition majoritaire au parlement.
Michael O'Hanlon, un spécialiste de l'Irak à la Brookings Institution à Washington, est lui aussi convaincu que l'avenir du pays ne dépend pas du nombre de soldats sur le terrain mais de la volonté politique.
AFP/VNA/CVN