Les responsables français ont baissé d'un ton leur rhétorique sur l'immigration et l'insécurité avant de recevoir hier et aujourd'hui à Paris le secrétaire d'État roumain chargé des Roms, Valentin Mocanu, et celui chargé de la Sécurité publique, Dan Valentin Fatuloiu.
Lors du Conseil des ministres de rentrée, Nicolas Sarkozy a demandé hier à ses ministres de "redoubler de dialogue, de pédagogie face aux inquiétudes et interrogations" et de "redoubler de courage" face aux critiques "souvent excessives et infondées" sur les expulsions de Roms vers la Roumanie. "Nous ne cèderons pas à ceux qui cherchent la polémique systématique", a-t-il ajouté, cité par le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
La veille, le Premier ministre François Fillon avait appelé à agir "sans laxisme ni excès", se démarquant des propos offensifs tenus pendant l'été par Nicolas Sarkozy et son ministre l'Intérieur, Brice Hortefeux. En déclarant la "guerre" à la criminalité, ils avaient clairement ciblé les Français d'origine étrangère et les Roms.
Les 2 responsables roumains, qui ont avancé de 5 jours leur visite en France, devaient rencontrer dans l'après-midi Brice Hortefeux et ses collègues chargés de l'Immigration et des Affaires européennes, Eric Besson et Pierre Lellouche.
Avant cette rencontre, Eric Besson a prévenu, dans un entretien avec l'AFP, que 2 vols "spécialement affrétés" transportant des Roms partiraient aujourd'hui, l'un de Paris (Roissy) avec 158 personnes, et l'autre de Lyon (Centre-Est) avec 125 personnes. "On veut coopérer davantage avec eux", a déclaré hier Eric Besson, plaidant pour "une bonne intégration des Roms en Roumanie" et une meilleure utilisation des crédits européens.
Les 2 responsables roumains arrivent à Paris alors que les expulsions de Roms provoquent un débat politique extrêmement tendu. M. Sarkozy a été critiqué par l'opposition de gauche. Mais il est aussi attaqué avec encore plus de virulence par des responsables de son camp, dont son ennemi juré, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin.
À l'étranger, le durcissement de la politique française a suscité la réprobation à l'ONU, au Conseil de l'Europe, les réserves de la Commission européenne et un rappel à l'ordre du pape Benoît XVI.
AFP/VNA/CVN