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Des proches préparent les bûchers funéraires de victimes du COVID-19 dans un crématorium de New Delhi, le 27 avril 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous commençons au lever du soleil et les crémations se poursuivent au-delà de minuit", déclare-t-il, le regard perdu dans les flammes des bûchers et de tas de cendres fumantes qui, il y a peu, étaient des êtres humains avant que le COVId-19 ne les terrasse.
Des familles se lamentent en silence sur le bord de la route de ce quartier défavorisé de la capitale, attendant le tour de leurs proches enveloppés dans des linges blancs et des guirlandes de soucis jaunes.
Des sirènes d'ambulances qui charrient d'autres corps ne cessent de résonner. Les habitants des immeubles qui surplombent l'établissement subissent la puanteur des corps calcinés et les lamentations des familles en deuil.
Les hôpitaux indiens et leurs personnels sont mis à rude épreuve par cette deuxième vague dévastatrice de l'épidémie de coronavirus.
Des gens meurent aux portes des hôpitaux ou chez elles, faute de lits, de médicaments et d'oxygène.
Les crématoriums ne connaissent pas de trêve, leurs cheminées se fissurent et les armatures métalliques des fours finissent par fondre sous l'intensité de la chaleur.
Des bûchers funéraires de personnes décédées du COVID-19 dans un crématorium de New Delhi, le 26 avril 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le bois commence à manquer aussi dans certains établissements, des familles sont priées d'apporter leur propre combustible.
De nombreux crématoriums et cimetières affirment que le bilan officiel des décès dus au virus est loin de correspondre à la réalité, compte tenu de l'afflux de corps qu'ils voient défiler.
Au cours des trois derniers jours, le crématorium de Seemapuri, dans le nord-est de Delhi, a organisé plus de 100 funérailles par jour et ne dispose plus de place désormais.
"Nous avons essayé d'accueillir les crémations dans les allées et partout où nous pouvions trouver de l'espace, mais les corps ne cessaient d'affluer", raconte le coordinateur Jitender Singh Shanty, coiffé d'un turban jaune, vêtu d'une combinaison de protection bleue.
"Nous avons dû demander aux autorités de nous permettre d'étendre l'installation jusqu'au parking", ajoute le sikh, des flammes orange faisant rage sur des bûchers derrière lui à la fin du jour. Selon Jitender Singh Shanty, son crématorium a incinéré environ 600 corps depuis le début du mois, et les familles continuent d'attendre des heures avant de pouvoir accomplir les derniers rites mortuaires.
"Si la situation ne s'améliore pas", ajoute-t-il, "nous pourrions être obligés de procéder aux crémations à même la route, puisque nous n'avons plus de place maintenant".
AFP/VNA/CVN