Les jardins communautaires fleurissent dans le métro londonien

Une station de métro très fréquentée havre de paix pour abeilles, fleurs et hérissons? C'est le pari insolite lancé à Londres par le projet communautaire Energy Garden, qui s'attèle depuis dix ans à reverdir la jungle urbaine.

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Agamemnon Otero, directeur du projet Energy Garden, s'occupe d'un potager près de la station Brondesbury Park de l'Overground, le 24 mars à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cachés de la vue de tous, 34 sites de ce type sont disséminés dans la capitale britannique près des quais de l'Overground, ligne de métro aérien fréquentée par 365.000 usagers avant la pandémie de COVID-19.

"La plupart du temps, les exploitants ferroviaires libèrent des pans entiers d'espace le long des voies et les laissent dénués de toute forme de vie", explique le directeur du projet, Agamemnon Otero, qui y voit "des couloirs pour que la biodiversité s'installe".

Depuis son lancement en 2011, l'intérêt à l'égard de ces sites alimentés à l'énergie solaire n'a cessé de croître. Mais il a connu un véritable pic depuis la pandémie et les confinements successifs, de plus en plus de bénévoles proposant d'entretenir des jardins.

"Energy Garden vise à renforcer la résilience des communautés", estime Agamemnon, "c'est une façon d'aborder directement le problème du changement climatique, devant lequel on se sent impuissant".

Energy Garden a créé son tout premier site dans le Nord-Ouest de Londres, dans la station Brondesbury Park de l'Overground, qui dessert généralement les banlieues de la capitale non desservies par le métro souterrain.

"Sortir et aider"

Là, les bénévoles ont retiré des couches de gravats pour ensuite replanter des fleurs éclatantes, des arbres fruitiers, des herbes aromatiques, du thé et toute une gamme de légumes, dont des pommes de terre, du chou frisé et des topinambours.

Agamemnon Otero, directeur du projet Energy Garden, s'occupe d'une ruche près de la station Brondesbury Park de l'Overground, le 24 mars à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sans oublier du houblon, à partir duquel Energy Garden brasse sa propre bière.

Jaylyn Miguel, qui a rejoint l'équipe durant le confinement, a fait ce choix "pour (sa) propre santé mentale". "Je voulais juste sortir et aider", explique la jeune femme d'une vingtaine d'années. Maintenant, elle a envie d'en "savoir plus" sur les manières "durables" de cultiver.

"C'est vraiment important, pour nous assurer que les gens ont accès à des aliments biologiques", estime celle qui "n'avait absolument aucune expérience dans la culture vivrière". "J'ai beaucoup appris pendant cette période", ajoute-elle.

Ces jardins, entretenus par plus de 300 bénévoles, sont pensés pour fonctionner en autonomie : les panneaux solaires alimentent les tuyaux d'arrosage et l'électricité excédentaire est revendue aux compagnies de transport pour compenser leur empreinte carbone.

Outre cette rentrée d'argent, Energy Garden fonctionne grâce aux contributions d'entreprises et de particuliers. Le projet, géré de manière coopérative, permet grâce au vote à chaque adhérent d'avoir un droit de regard sur son fonctionnement.

Il organise également des ateliers scolaires et programmes de formation pour les jeunes, afin de les sensibiliser aux pratiques durables.

"Notre espace"

Terence Tehranian, bénévole et investisseur, se rend régulièrement au jardin du Brondesbury Park avec ses jeunes enfants pour donner un coup de main.

"Ca fait vraiment de Londres un endroit où il fait bon vivre", explique le papa, pour qui cette idée "améliore l'environnement, car plus de plantes signifie moins de dioxyde de carbone, et rapproche les gens".

"Ce sont des choses importantes pour une grande ville comme Londres, où cela n'arrive pas souvent", estime-t-il.

Pour Agamemnon Otero, il était tout à fait judicieux d'installer ces jardins au sein du tentaculaire réseau de transport londonien - dont le gestionnaire, Transport for London (TfL), approuve officiellement les plans de chaque site.

L'idée était de contrebalancer les énormes quantités de gaz à effet de serre émises par le secteur des transports, à l'origine de 27% des émissions nettes du Royaume-Uni en 2019, même si une grande partie est plutôt à imputer au trafic routier.

"Nous voulons vraiment avoir une discussion autour du plus grand consommateur d'énergie et du plus grand générateur d'émissions", a-t-il déclaré, "très enthousiaste à l'idée que les gens s'impliquent".

"C'est notre espace", affirme-t-il, "Nous devons nous le réapproprier et en faire ce que l'on veut".


AFP/VNA/CVN

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