Incertitude politique en Australie après les élections anticipées

L'Australie était plongée le 3 juillet dans l'incertitude après des élections législatives qui n'ont pas permis au Premier ministre sortant Malcolm Turnbull de renforcer sa position comme il le désirait en convoquant ce scrutin anticipé.

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Le Premier ministre Malcolm Turnbull et son épouse Lucy glissent leurs bulletins dans l'urne, à Sidney le 2 juillet 2016.

M. Turnbull, un ancien banquier d'affaires multimillionnaire, avait décidé d'avancer les législatives, prévues normalement avant janvier 2017, pour asseoir sa majorité au Sénat. L'équilibre du pouvoir à la chambre haute dépend actuellement d'élus indépendants ou issus de partis minoritaires, qui ont bloqué certaines de ses réformes.

M. Turnbull, 61 ans, voulait aussi légitimer le putsch interne à son Parti libéral - principale formation de la coalition sortante - qui lui avait permis d'évincer en septembre Tony Abbott, dont il était ministre.

Mais il risque à présent de devoir négocier avec des indépendants ou de petits partis pour se maintenir au pouvoir.

Quelque 15,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 150 membres de la Chambre des représentants et 76 sénateurs.

Après l'addition le 3 juillet d'un certain nombre de votes par correspondance, la coalition de M. Turnbull avait 65 sièges à la Chambre, les travaillistes 67, les Verts un siège et les indépendants quatre sièges, selon des résultats provisoires.

Treize sièges n'étaient pas encore attribués parce que les résultats étaient trop serrés. Il faut 76 sièges pour avoir la majorité à la Chambre.

Résultats définitifs encore attendus

Le leader de l'opposition travailliste australienne Bill Shorten et son épouse Chloé à Melbourne le 2 juillet 2016.

Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant le 5 juillet, car des millions de votes par correspondance et de votes par procuration doivent encore être dépouillés. Les experts soulignent que ces votes favorisent habituellement les sortants.

Bien que des parlementaires de la coalition aient perdu leur siège, M. Turnbull s'est montré confiant lorsqu'il s'est adressé à ses partisans à Sydney tôt le 3 juillet. "On peut avoir toute confiance dans le fait que nous pourrons former un gouvernement de coalition majoritaire", a-t-il déclaré.

Dans un discours combatif, M. Turnbull a accusé les travaillistes du chef de l'opposition Bill Shorten, 49 ans, d'avoir mené une campagne de peur sur le système de santé, et il a promis d'unir les Australiens. "Les élections sont terminées. Il ne reste plus que le comptage. C'est le moment de nous unir pour aider l'Australie, pour servir l'Australie", a-t-il déclaré.

Après une campagne terne, M. Turnbull a utilisé le choc provoqué par la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne pour jouer la carte de la stabilité économique, alors que les principaux médias australiens se sont rangés sous sa bannière.

Il a martelé ces derniers jours l'impératif de maintenir le cap face aux craintes des répercussions économiques mondiales du Brexit.

"Nous devons résister, nous devons avoir un plan qui réponde aux nécessités de l'époque, une époque de défis et d'opportunités", a souligné celui qui fut également journaliste et avocat.

Depuis l'arrivée du travailliste Kevin Rudd en 2007 à la tête du gouvernement après une décennie de pouvoir du libéral John Howard, la politique australienne a été particulièrement mouvementée.

Kevin Rudd a été renversé par la travailliste Julia Gillard en 2010 avant de lui reprendre le pouvoir en 2013, et de le céder à nouveau quelques mois plus tard lors des législatives à Tony Abbott, lui-même renversé en septembre par M. Turnbull.

Les travaillistes de M. Shorten ont mené une campagne classique, promettant des investissements dans la santé et l'éducation, davantage de justice fiscale et le développement des énergies renouvelables.

Turnbull a fait campagne sur l'expertise économique de son équipe, au moment où l'Australie, qui n'a pas connu de récession depuis 25 ans, négocie la fin de l'âge d'or minier.

Il a promis des réductions d'impôts et défendu sa politique migratoire très controversée. L'Australie repousse systématiquement les bateaux de clandestins l'approchant. Ceux qui arrivent à débarquer sont détenus dans des camps offshore sans aucun espoir d'obtenir l'asile sur le sol australien.

AFP/VNA/CVN

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