Sortie de l'UE : Theresa May et Michael Gove temporisent, Hollande s'agace

Les deux favoris à la succession du Premier ministre britannique David Cameron, Theresa May et Michael Gove, ont annoncé qu'ils ne déclencheraient pas la procédure du Brexit avant fin 2016, voire en 2017, suscitant l'agacement du président français François Hollande.

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Theresa May lors d'une conférence de presse le 30 juin à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais les conséquences économiques du vote des Britanniques pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sont déjà palpables : le ministre des Finances George Osborne a annoncé qu'il faudrait sans doute abandonner l'objectif d'excédent budgétaire d'ici 2020.

Et Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré au quotidien français Le Monde que les nombreuses incertitudes entourant les suites de la victoire du Brexit allaient "inévitablement" pénaliser la reprise économique en zone euro.

Décidé à garder la main s'il devenait chef du gouvernement, le ministre de la Justice Michael Gove a affirmé vendredi 1er juillet qu'il n'enclencherait sans doute pas la procédure de sortie de l'Union européenne cette année.

"Nous contrôlerons l'agenda, nous ne le ferons que lorsque nous serons prêts", a ajouté M. Gove, qui a fait campagne pour sortir de l'UE. "Nous avons besoin de discussions préliminaires", a-t-il encore dit.

Jeudi 30 juin, la ministre de l'Intérieur, Theresa May, avait déclaré que si elle était désignée, elle n'enclencherait pas l'article 50 du Traité de Lisbonne sur le divorce avec Bruxelles avant la fin de l'année.

Revirement possible ?

Le ministre britannique de la Justice, Michael Gove, à la sortie de son domicile le 1er juillet 2016 à Londres.

Les dirigeants européens appellent à l’activation la plus rapide possible de l'article 50 pour mettre fin à l'incertitude ambiante.

M. Hollande n'a pas caché son agacement. La décision du Brexit "a été prise" et "elle ne peut pas être reportée ou elle ne peut pas être annulée", a-t-il déclaré.

La commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström a répété jeudi 30 juin qu'il n'y aurait pas de négociations avant une sortie officielle. "D'abord vous sortez, ensuite vous négociez", a-t-elle tranché sur la BBC.

À Londres, nombre d'adversaires du Brexit ne se résignent pas. Des milliers de Britanniques doivent défiler samedi 2 juillet de Park Lane au Parlement pour manifester leur opposition à la sortie de leur pays de l'UE.

Interrogé par l'AFP sur la possibilité de revenir sur la décision prise par une majorité de Britanniques, Simon Usherwood, du cercle de réflexion universitaire Changing Europe, a déclaré : "Tout est possible après la semaine qui vient de se passer mais, en étant réaliste, non".

Theresa May, 59 ans, ralliée à David Cameron pour défendre un maintien dans l'UE, s'est présentée jeudi 30 juin comme une candidate capable de ressouder le parti.

"Brexit signifie Brexit", a-t-elle déclaré. "La campagne a été menée, le vote a eu lieu, le taux de participation a été élevé et le peuple a rendu son verdict", a-t-elle ajouté pour dire aux "Brexiters" qu'elle comptait respecter leur choix.

Michael Gove, 48 ans, dont la candidature surprise a été perçue comme un coup de poignard dans le dos du chef de file des pro-Brexit Boris Johnson qui a jeté l'éponge, a promis d'apporter le changement pour lequel les Britanniques avaient voté. Il a ajouté que s'il est élu, il "mettrait fin à la libre circulation" entre l'UE et la Grande-Bretagne afin de réduire l'immigration.

Mais le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a signifié vendredi 30 juin que la libre circulation des travailleurs était "une liberté fondamentale de l'UE" qui "ne changerait pas".

"Theresa est la mieux placée"

Selon le quotidien conservateur Daily Telegraph, Mme May fait la course en tête pour l'heure, soutenue par plus de 60 députés conservateurs parmi lesquels neuf ministres.

"Theresa est la mieux placée pour mener notre sortie de l'UE", a déclaré le ministre de la Défense, Michael Fallon, saluant "son bilan, son tempérament et son engagement à unir le parti et le pays".

Michael Gove risque, lui, de pâtir de sa double trahison - d'abord de son ami David Cameron, puis de Boris Johnson - qui lui vaut nombre d'inimitiés au sein des députés conservateurs, dont 60% ont voté pour un maintien dans l'UE.

Le ministre du Travail, Stephen Crabb, l'ancien secrétaire d’État à la Défense, Liam Fox, et la secrétaire d'État à l'Énergie, Andrea Leadsom, ont également déposé leurs candidatures pour succéder à David Cameron.

Les députés conservateurs doivent désormais se mettre d'accord pendant l'été pour désigner deux finalistes et les 150.000 membres du parti choisiront l'élu, qui sera intronisé le 9 septembre.

Les Bourses européennes ont fini en hausse vendredi 1er juillet, continuant comme ces derniers jours de regagner le terrain perdu juste après le choc du vote sur le Brexit.

Wall Street a aussi terminé en petite hausse une séance calme, encouragée par la progression des Bourses européennes et un bon indicateur.

AFP/VNA/CVN

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