"En ce moment c'est chacun pour soi et chacun chez soi. Il n'y a plus d'esprit de coopération", a confié l'un d'eux, sous couvert de l'anonymat.
Le sujet est devenu politiquement très sensible et le ton tourne à l'aigre au sein de l'UE. "L'ambiance n'est pas bonne", reconnaît le représentant d'un grand pays.
L'Italie est en première ligne, de nombreux candidats à l'immigration ou réfugiés s'embarquant de Tunisie ou de Libye pour gagner son territoire.
Depuis janvier, près de 22.000 immigrants en provenance de Tunisie ont débarqué en Italie. Beaucoup ne demandent pas l'asile mais veulent se rendre en France, Suisse ou Belgique où ils ont des compatriotes, mais ne sont pas les bienvenus des autorités. "Le problème est en Tunisie. Il faut amener les autorités à stopper les départs et à reprendre leurs ressortissants arrivés illégalement dans les pays de l'UE. Mais pour cela, il faut des mesures incitatives", souligne un responsable européen.
Les Européens savent ce que les autorités tunisiennes veulent : des financements pour relancer l'économie et résorber le chômage, des visas pour voyager. Tant que l'Union européenne ne bougera pas, elles ne bougeront pas, souligne la Commission.
Les autorités tunisiennes "doivent donner leur accord pour le retour de leurs concitoyens en situation irrégulière dans l'UE", a rappelé Marcin Grabie, porte-parole de Cécilia Malmström, commissaire chargée de l'Immigration.
Sans contreparties, accepter de reprendre leurs ressortissants ne ferait qu'accentuer les problèmes de chômage dans le pays, expliquent cependant les autorités tunisiennes à leurs interlocuteurs européens. "C'est tout le problème de la Commission. Chacun dans son coin et au final aucune proposition", déplore un responsable européen.
Mme Malmström a adressé mercredi une lettre aux États dans laquelle elle énumère une série d'actions possibles à court terme et prévoit de présenter des propositions pour le long terme en juin.
L'Italie s'impatiente. La Ligue du Nord, le parti xénophobe allié incontournable de Silvio Berlusconi, a accepté la délivrance de permis temporaires de six mois aux clandestins. Cela leur permettrait de voyager en Europe.
Rien n'empêche le gouvernement italien de délivrer de tels permis. "C'est une compétence nationale", reconnaît la Commission. Mais les conséquences seraient catastrophiques pour les relations avec la France. "Cela reviendrait à demander aux autres de renvoyer les illégaux en Tunisie, avec pour conséquence de rendre furieux tous les voisins de l'Italie", a averti un diplomate.
Les ministres français et italien de l'Intérieur, Claude Guéant et Roberto Maroni, doivent se rencontrer aujourd'hui à Rome, avant une réunion avec leurs collègues européens lundi à Luxembourg.
Un sommet est ensuite prévu entre le président français Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi le 26 avril à Rome.
AFP/VNA/CVN