Gustavo Petro élu premier président de gauche de l'histoire de la Colombie

C'est un vote historique : l'opposant Gustavo Petro est devenu dimanche 19 juin le premier président de gauche de l'histoire de la Colombie, avec l'ambition de "changer" un pays en crise et qui n'a jamais connu une telle alternance.

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Le candidat de gauche Gustavo Petro salue ses partisans au soir de sa victoire à l'élection présidentielle en Colombie, à Bogota, le 19 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous nous engageons à un changement véritable, un changement réel", a lancé le sénateur de 62 ans au soir de sa victoire, sur la scène d'une grande salle de spectacle de Bogota, devant des centaines de ses partisans en liesse.

"Le gouvernement qui entrera en fonction le 7 août sera celui de la vie, de la paix, la justice sociale et la justice environnementale", a énuméré le prochain chef de l'État colombien, au côté de sa famille, ses proches et sa colistière, l'Afrodescendante Francia Marquez.

"Respect et dialogue"

Ancien membre d'une guérilla d'extrême gauche converti à la social-démocratie, ex-maire de Bogota, M. Petro a recueilli 50,44% des voix, contre 47,31% à son concurrent l'homme d'affaires Rodolfo Hernandez, selon les résultats provisoires du second tour de la présidentielle dimanche.

Avec 11,2 millions de voix en sa faveur, le sénateur a devancé de près de 700.000 voix son adversaire (10,5 millions), qualifié surprise du premier tour le 29 mai dernier qui avait supplanté le candidat de droite. La participation s'élève à 58%.

M. Hernandez a immédiatement concédé sa défaite, souhaitant que son adversaire "sache comment diriger le pays et qu'il soit fidèle à son discours contre la corruption".

"Les partisans de Rodolfo Hernandez pourront venir dialoguer avec nous quand ils veulent (...) L'opposition, quelle qu'elle soit, sera toujours la bienvenue pour dialoguer (...)", a promis le futur chef de l'État.

"Il n'y aura que le respect et le dialogue, c'est ainsi que nous pourrons construire le grand accord national et la paix intégrale", a-t-il ajouté, s'engageant par ailleurs à ce que la Colombie soit "à la tête de la lutte contre le changement climatique" dans le monde.

"Je suis la première femme afrodescendante vice-présidente de Colombie", a proclamé fièrement Mme Marquez, modeste villageoise devenue activiste écologiste, et qui a joué un grand rôle dans la campagne comme colistière du candidat.

"Nous avons franchi un pas important. Nous avons un gouvernement du peuple, un gouvernement des gens qui vont à pied, un gouvernement pour ceux qui ne sont rien. (...) Ensemble, nous allons réconcilier cette nation, dans la joie et la paix", a-t-elle lancé, vêtue de ses habituelles tenues aux motifs africains.

Cette élection présidentielle marque la déroute des élites conservatrices et libérales au pouvoir depuis deux siècles dans la quatrième puissance économique d'Amérique latine.

Les deux qualifiés du premier tour étaient arrivés en tête avec un discours de rupture et "anti-establishment", M. Petro (40%) portant en étendard la défense de "la vie", tandis que M. Hernandez (28%) promettait d'en finir avec la corruption, un mal endémique du pays.

Nombreux défis

Les partisans du nouveau président de Colombie élu, Gustavo Petro, célèbrent sa victoire devant la Movistar Arena à Bogota, le 19 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

La lutte a été particulièrement âpre entre les deux hommes, avec une campagne finale faite d'accusations en tous genres, de désinformation et innombrables coups bas. Les derniers sondages publiés il y a une semaine donnaient les deux hommes à quasi-égalité.

Comme lors du premier tour, aucun incident majeur n'est venu perturber le vote.

Cette élection se déroulait dans un contexte de crise profonde dans le pays, après la pandémie, une sévère récession, des manifestations antigouvernementales durement réprimées et une aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes.

C'est la troisième fois que M. Petro se présentait à une présidentielle, la dernière en 2018.

Après avoir écumé le pays avec une centaine de meetings avant le premier tour, il a tenté ces trois dernières semaines de se montrer plus proche des Colombiens ordinaires, soucieux de corriger son image d'homme de trop de discours, trop autoritaire ou aux tendances messianiques selon ses adversaires.

M. Petro s'est engagé à renforcer l'État, à réformer le système des retraites et l'impôt pour faire payer les plus riches. Sa première mesure sera de suspendre l'exploration pétrolière et d'entamer au plus vite la transition énergétique.

AFP/VNA/CVN

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