«On ne peut pas dire si le pire est passé ou s'il est sur le point d'arriver", a averti la directrice de l'OMS, Margaret Chan vendredi à Pékin. "Nous devons nous préparer à toute surprise que nous réserve ce nouveau virus capricieux", a-t-elle insisté, martelant : il faut se "préparer à une seconde voire à une troisième vague comme nous l'avons vu lors des précédentes pandémies".
À l'approche de l'automne, les pays du Nord sont sur la ligne de front, alors que l'épidémie commence à reculer dans les zones tempérées de l'hémisphère Sud, où elle a sévi durant l'hiver austral.
L'onde de choc y a été virulente, le virus A(H1N1) se répandant à une vitesse fulgurante au point de supplanter la grippe saisonnière, reconnaît l'OMS.
Depuis son apparition en mars, cette nouvelle grippe est parvenue à se propager dans 177 pays, où elle a tué 1.799 personnes et contaminé plus de 182.000 personnes, selon une estimation que l'OMS estime largement sous-évaluée. Et ce n'est qu'un début, admet l'organisation qui a déclaré le virus première pandémie de grippe du 21e siècle le 11 juin, en raison de sa vitesse de propagation et de sa nouveauté, privant la population mondiale d'immunité. "L'OMS est toujours mobilisée et inquiète", explique ainsi un porte-parole de l'agence onusienne, Gregory Hartl rappelant que le virus n'avait pas encore passé son premier hiver dans les pays de l'hémisphère Nord où vivent 5/6e de la population mondiale.
L'inquiétude est d'autant plus perceptible que la grippe, dont les contours se précisent lentement, se montre finalement "plus virulente" que sa cousine saisonnière, même si la majorité des cas restent bénins.
Surtout, fait valoir M. Hartl, elle affecte essentiellement des personnes jeunes, frappant plus gravement les plus fragiles telles que les femmes enceintes, les personnes obèses ou souffrant de maladies chroniques. Au total, les cas les plus sévères se retrouvent parmi les 30/50 ans. Et, ce qui est le "plus préoccupant" car toujours "mystérieux" selon M. Hartl, 40% de ces cas graves voire mortels apparaissent chez des personnes en parfaite santé.
Sous pression avant la réouverture des écoles, propice à la propagation, les pays du Nord ont sorti l'artillerie lourde.
D'après l'OMS, ils ont d'ores et déjà commandé plus d'un milliard de doses de vaccins, considérés comme l'arme la plus efficace contre la maladie.
Plus d'une vingtaine de sociétés pharmaceutiques dans le monde entier travaillent d'arrache-pied mais le médicament ne pourra être prêt avant octobre.
Même alors, il ne sera pas suffisant pour tout le monde, reconnaît l'OMS qui a revu à la baisse son estimation optimiste d'une production de 4,9 milliards de vaccins annuel. Selon les données actuelles, seule la moitié voire le quart pourront être produits alors qu'on ignore toujours s'il faudra une ou 2 injections pour une vaccination efficace.
Face à ces inconnues, les pays ont déjà dressé, sur les conseils de l'OMS, la liste des personnes qui auront un accès privilégié au vaccin tels que les personnels de santé, les femmes enceintes, les personnes fragiles ou souffrant de maladies chroniques... Et en attendant, ont mis en place des plans B, prévoyant les conditions de fermeture des écoles, la livraison d'antiviraux, le renforcement des structures d'accueil des hôpitaux... "Tout le monde doit être prêt", prévient M. Hartl car "il est impossible de dire si le A (H1N1) ne reviendra pas avant" octobre-novembre, période d'apparition habituelle de la grippe saisonnière.
Ce qui est "probable" en tous les cas, c'est qu'il "devienne le virus de grippe dominant au début des mois d'hiver", prévoit l'OMS qui se rassure : pour l'instant, il n'a pas encore muté.
AFP/VNA/CVN