En donnant leur feu vert le 2 juillet au versement de 8,7 milliards d'euros de prêts, qui doivent aider Athènes à rembourser sa dette à partir de mi-juillet, les ministres des Finances de la zone euro n'ont fait que repousser les problèmes.
Dès le mois de septembre se posera la question du déblocage d'une nouvelle tranche de l'aide promise en mai 2010 à Athènes, dans le cadre d'un plan de sauvetage international de 110 milliards d'euros. Avec le risque, si le pays n'a pas tenu ses objectifs budgétaires, d'un nouveau bras de fer avec les experts européens et du Fonds monétaire international (FMI).
Les deux mois de répit doivent permettre aussi d'avancer sur un deuxième plan de sauvetage à plus long terme censé mettre la Grèce à l'abri des marchés jusque fin 2014.
Les grandes lignes étaient espérées en juillet, mais risquent de se faire attendre. Si l'Eurogroupe a indiqué samedi que les modalités seraient déterminées "dans les prochaines semaines", le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui veut des garanties qu'Athènes tient ses promesses, a évoqué un accord seulement d'ici l'automne.
La facture de ce deuxième programme devrait approcher celle du premier plan, le principal point d'interrogation étant la contribution des banques et autres créanciers privés d'Athènes.
Berlin, qui exige une participation de leur part, a convaincu ses partenaires européens. Et une partie au moins du secteur financier semble d'accord.
Une proposition française, envisageant un "roulement" sur 30 ans de 70% de la dette grecque arrivant à échéance d'ici fin 2014, ou sur cinq ans à hauteur de 90%, sert de base aux discussions. Mais le diable est dans les détails : l'opération ne doit pas être assimilée à un défaut de paiement d'Athènes. Des contacts ont été noués pour s'en assurer avec les agences de notation.
Certains pays réclament aussi des "garanties" supplémentaires. La presse grecque agite le chiffon rouge d'hypothèques sur le patrimoine de l'État, et le nouveau ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a ouvertement mis en cause la Finlande qui rechigne à délier les cordons de sa bourse.
En attendant, "l'incapacité des dirigeants politiques européens à régler la crise rapidement et de manière décidée frappe le reste" de la zone euro, déplore Ben May, économiste chez Capital Economics.
L'Irlande et le Portugal, qui ont aussi eu besoin d'aide mais doivent revenir emprunter sur les marchés en 2013, "pourraient avoir besoin d'un deuxième plan de sauvetage l'année prochaine", juge l'économiste.
Parallèlement, "l'Espagne et peut-être l'Italie pourraient se retrouver sous une forte pression pour demander une assistance financière".
Les États-Unis pressent de plus en plus fermement l'Europe de régler ses problèmes pour éviter des répercussions mondiales.
Dans une nouvelle tentative pour rassurer les marchés, Lisbonne et Rome viennent d'annoncer de nouvelles mesures pour réduire leur déficit. Reste à les concrétiser. "Si la Grèce tombe encore plus profondément en récession suite aux nouvelles mesures d'austérité, cela pourrait réduire la volonté des gouvernements à mettre en oeuvre des mesures budgétaires additionnelles", prévient Ben May.
AFP/VNA/CVN