Francophonie scientifique : stratégie ambitieuse de l’AUF

92 recteurs d'universités, acteurs politiques et socio-économiques venus de neuf pays de la région se sont réunis le 12 octobre 2023 à l'Institut de Technologie du Cambodge (Phnom-Penh), à l’occasion de la 14e Assemblée générale des recteurs des établissements de l'AUF en Asie-Pacifique (CONFRASIE).

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Des participants à la 14e Assemblée générale des recteurs des établissements de l'AUF en Asie-Pacifique (CONFRASIE), tenue le 12 octobre 2023 à Phnom Penh, au Cambodge. 
Photo : AUF/CVN

La réflexion a porté sur deux thèmes majeurs : "l'employabilité et l'entrepreneuriat à l'université" et "les mobilités estudiantines au sein de l'espace francophone". Ces débats ont généré des recommandations qui seront transmises aux autorités politiques éducatives, aux recteurs d'universités, au monde socio-économique, aux étudiants et à la direction régionale de l'AUF.

À cette occasion, son recteur, le Professeur Slim Khalbous, a présenté la stratégie de l’AUF pour la période 2021-2025, qui se penche sur six volets importants, à savoir : "Francophonie scientifique", un concept fédérateur intégrateur ; "Diplomatie scientifique francophone" qui se focalise sur une politique publique internationale ; "Standard adaptée" où se situe une approche stratégique différente ; "Premier réseau universitaire mondial", tel est l’objectif que l’AUF cherche à atteindre ; "Optimisation financière" qui privilégie la transparence budgétaire et la recherche des fonds au service de la mise en place des projets lancés par l’AUF ; et enfin "Solidarité active" qui proposera des actes et des plans spéciaux, par exemple "le soutien aux étudiants résidant dans les pays en conflit ou en instabilité politique". Le recteur a souligné que ce positionnement stratégique permet d’"identifier les axes de travail cruciaux" qui aboutiront à des projets concrétisés dans chaque pays ou région.

Le recteur de l'AUF, Prof. Slim Khalbous, présente la nouvelle stratégie et aussi des perspectives de coopération au sein du plus grand réseau universitaire francophone. 
Photo : AUF/CVN

Cette nouvelle orientation présentée par le recteur de l’AUF a largement été saluée par les représentants des établissements membres.

"Il s’agit effectivement d’une belle initiative intrinsèque à l’employabilité et au plurilinguisme, qui est un problème d’actualité, notamment dans le contexte où les nouvelles technologies de demain, dont l’intelligence artificielle, modifieront notre façon de travailler avec les langues", a remarqué le Prof. Jean-Marc Lavest, recteur principal de l’USTH (Université de sciences et de technologie de Hanoï), ravi ainsi que "l’AUF reste toujours à l’écoute de ces transformations" en faveur des universités.

Présent à cette grande rencontre, le Dr. Phùng Danh Thang, directeur de l’Institut francophone international (IFI) installé au sein de l’Université nationale de Hanoï, a également apprécié les orientations stratégiques proposées par l’AUF qui "s’accordent au mieux à la voie de développement de l’IFI". "Nous publions depuis des années la revue FAP (Francophonie en Asie-Pacifique). Une publication de recherche interdisciplinaire au service du développement scientifique au sein de la région", a fait savoir le directeur de l'IFI.

C2R - une dénomination "labélisante et générique"

Le chef de l’AUF a profité de cette rencontre pour lancer le nouveau format de la Conférence régionale des recteurs en Asie-Pacifique (C2R-AP), qui comprendra désormais "des organes d’échanges et de concertation dont le rôle est de rassembler les premiers responsables des établissements-membres de l’AUF pour être une force de proposition au développement de la francophonie scientifique et la coopération interuniversitaire dans le monde", a affirmé M. Khalbous.

Le professeur tunisien a aussi précisé aux participants les statuts des C2R et leurs dix règlements intérieurs. À savoir qu’actuellement l’AUF comprend dix régions qui équivalent aux dix C2R régionales des recteurs. Ainsi, cette 14e assemblée régionale a élu la présidence de la C2R en Asie-Pacifique, en conformité à cette nouvelle initiative de l’AUF.

La nouvelle présidence de la Conférence régionale des recteurs en Asie-Pacifique (C2R-AP), nouveau statut remplaçant la CONFRASIE à partir de ce mandat. 
Photo : AUF/CVN

Les résultats de votes ont aussi été portés à connaissance : le Professeur associé-Docteur Nguyên Thanh Hiêp, recteur de l'Université de médecine Phạm Ngọc Thạch à Hô Chi Minh-Ville, a été élu Président de la C2R-AP pour un mandat de deux ans, pour la période 2023-2025.

Les autres quatre membres du bureau ont été également présentés : Catherine Ris, présidente de l’Université de la Nouvelle-Calédonie ; Sisowath Men Chandévy, vice-rectrice de l’Université royale des Beaux-Arts, au Cambodge ; Soulisack Luanglad, vice-doyen de l’Université des Sciences de la Santé, au Laos ; et Xia Xueshan, président de l’Université médicale de Kunming, en Chine.

Suite à ses études médicales à l’Université de médecine Pham Ngoc Thach, M. Thanh Hiêp a poursuivi un master et un doctorat en France. Cela a créé en lui-même "un vrai attachement à la langue française comme à la francophonie", a fait part le nouveau président de la C2R-AP. "D’une durée de 2023 à 2025, ce mandat devra être un essor stratégique qui motivera les établissements membres à intensifier la connexion et à valoriser leurs atouts de coopération intrarégionale", a souligné ce recteur, avant de rappeler "le fil directeur dans les programmes de l’AUF" qui cible sur "un réseau universitaire scientifique fort" en faveur du développement socio-économique de chaque pays.

Francophonie scientifique en Asie-Pacifique

Cette réunion a également permis d'identifier les thématiques prioritaires de la francophonie scientifique en Asie-Pacifique, avec deux ateliers thématiques tenus en même jour portant sur l’employabilité et l’entrepreneuriat à l’université et les mobilités estudiantines au sein de l’espace francophone. Ces débats ont donné lieu à des recommandations qui seront transmises aux autorités politiques éducatives, aux recteurs d'universités, au monde socio-économique, aux étudiants et à la direction régionale de l'AUF.

Des recommandations ont porté sur la professionnalisation des études, l’employabilité et la généralisation d’une démarche entrepreneuriale au sein des formations universitaires. Le lien université-entreprise a été réaffirmé et le programme "Entreprendre" de l’AUF, qui vise à reconnaître aux étudiants francophones le statut d’étudiant-entrepreneur, était au cœur des discussions. Ce statut, inédit en Asie, a déjà été expérimenté dans d’autres régions (Afrique, Moyen-Orient et Caraïbe).

"Ces dernières années, nous avons établi le Centre IFI Brain, considéré comme un centre d’employabilité qui vise à faciliter l’insertion professionnelle, non seulement à nos étudiants mais aussi à ceux d’autres universités", a présenté M. Danh Thang. En effet, l’étroite collaboration avec l’AUF, les soutiens considérables accordés par sa direction régionale ont donné une forte motivation à cet établissement francophone international qui "participe activement à la transition numérique dans la gouvernance universitaire", en vue de "devenir un centre de recherche de prestige de la Francophonie en Asie-Pacifique", a conclu le docteur.

D’autres recommandations ont porté sur le programme de mobilités qui sera au centre des discussions de la 7e Conférence ministérielle francophone prévu le 2 novembre prochain au Québec (Canada). Ce programme a pour objectif d’instituer entre les établissements d’enseignement supérieur, membres de l’AUF, des mobilités de courte durée et non-diplômantes.

La table ronde intitulée "Les mobilités estudiantines dans l'espace francophone" s'est tenue aussi dans le cadre de la conférence. 
Photo : AUF/CVN

En l’absence d’une reconnaissance générale des diplômes en Asie-Pacifique, les établissements d’enseignement supérieur devraient s’engager à exploiter les ressources offertes par le réseau mondial de l’AUF pour instituer, sur la base de la parité, des places pour des mobilités sortantes contre des mobilité entrantes, courtes et non-diplômantes. Cette recommandation serait accompagnée de l’engagement des universités à valoriser, à leur retour, les étudiants qui ont effectué une telle mobilité, comme dans le cadre du programme européen Erasmus.

"Le réseau universitaire que l’AUF maintient depuis des dizaines d’années permettra à nos étudiants de découvrir de nouveaux horizons académiques dans divers établissements d’enseignement supérieur et de recherche", a souligné M. Thanh Hiêp, nouveau président de la C2R-AP.

La grande conférence des recteurs des établissements membres de l’AUF s’est clôturée avec succès, ouvrant de belles opportunités de coopération au sein de cette communauté académique francophone prestigieuse de la région.

Hông Anh/CVN

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