Crise de la dette : inquiètes, les Bourses européennes rechutent

Au lendemain de l'adoption du plan d'aide à l'Irlande, les Bourses européennes et l'euro ont rechuté lundi, les investisseurs doutant de la capacité de la zone euro à enrayer une contagion de la crise de la dette à d'autres pays, comme le Portugal ou l'Espagne.

"C'est le retour du mythe de l'explosion de la zone euro. Pour les investisseurs européens, c'est peu crédible, mais les Américains qui pèsent assez lourd sur l'Europe ont tendance, eux, à y croire et donc désertent les marchés", explique Arnaud de Champvallier, de Turgot AM.

Wall Street, après avoir passé une bonne partie de la séance en nette baisse, a cependant nettement réduit ses pertes en clôture : le Dow Jones n'a perdu que 0,36% et le Nasdaq 0,37%.

L'adoption dimanche d'un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros en faveur de l'Irlande a amené lundi matin un répit d'à peine plus d'une heure sur les Bourses européennes.

Malgré ces annonces, largement anticipées, les investisseurs se sont de nouveau focalisés sur le problème des dettes souveraines en Europe, s'inquiétant de la situation de l'Espagne, mais aussi de l'Italie, après une émission obligataire mitigée, réalisée ce lundi à des taux élevés.

Très chahuté depuis l'annonce du plan pour Dublin, l'euro a reculé, passant pour la première fois depuis deux mois sous la barre de 1,31 dollar en milieu d'après-midi et valait vers 21h30 GMT 1,3120 dollar contre 1,3240 dollar vendredi à 22h00 GMT.

À la clôture, la Bourse de Dublin fut la seule à terminer en hausse lundi (+0,03%) tandis que Francfort a cédé 2,20%, Paris 2,46% et Londres 2,08%. La Bourse de Madrid a reculé de 2,33% et celle de Milan de 2,67%.

Les valeurs bancaires ont perdu du terrain et ont contribué en grande partie au repli des places euro-péennes, avec un indice sectoriel en repli de 3,15%.

Pour tenter de rassurer les marchés, les membres de l'UE se sont également entendus dimanche sur les contours d'un futur Fonds de secours de la zone euro, avec pour ambition de freiner la contagion de la crise de la dette. Mais "pour le moment, le manque de précision autour de la mise en place" de ce nouveau fonds "ne permet pas de calmer définitivement les esprits", estime Franklin Pichard de Barclays Bourse.

Les ministres de la zone euro ont toutefois accéléré les préparatifs de ce futur fonds de soutien permanent aux pays en crise, appelé à voir le jour mi-2013, en remplacement du mécanisme actuel, le Fonds européen de stabilité financière, dont la durée de vie est limitée.

Ce nouveau mécanisme sera débloqué au cas par cas, en cas de crise de solvabilité d'un État. Le pays concerné négociera alors la restructuration de sa dette avec les créanciers privés. "Tant que le marché fera du coup par coup, les spéculateurs peuvent s'acharner sur d'autres pays comme l'Espagne", a expliqué un opérateur de marché, estimant que le marché "n'attendra pas 2013" et a besoin de réponses immédiates.

Sur le marché obligataire où se négocie la dette des États, seuls les rendements grecs profitaient des annonces de Bruxelles. Les taux espagnols et italiens ont fortement augmenté, le taux italien à 100 ans renouant avec son niveau de juin 2009. Le taux espagnol à 10 ans a atteint de son côté un plus haut depuis 2002.

AFP/VNA/CVN

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