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Des voyageurs attendent à l'intérieur de l'aéroport d'Orly, le 30 mars, à la veille de sa fermeture en raison de l'effondrement du trafic aérien pendant la pandémie du nouveau coronavirus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mardi 31 mars, seulement dix mouvements d'avions et un gros millier de passagers étaient prévus à Orly contre 600 mouvements et 90.000 passagers pour une journée ordinaire. Dans l'après-midi, le dernier vol d'Air France, à destination de Pointe-à-Pitre, a été salué par un "water salute" des pompiers de Paris qui ont arrosé l'appareil avec leurs lances, une cérémonie en général réservée aux avions entrant dans une flotte ou en sortant. A 23h59, l'aéroport fermera provisoirement ses portes.
Mardi après-midi 31 mars, de longues files de taxis se sont formées devant l'aéroport pour tenter d'embarquer les derniers voyageurs, en provenance des Antilles et d'Espagne. "Ce soir c'est la fin, on rentre à la maison. Le chiffre d'affaires, à partir de maintenant, c'est zéro", dit Jérémy, un chauffeur de taxi, dépité.
Dans l'aérogare déserte, Guille Otero attend le vol pour Madrid, le dernier décollage avant la fermeture des portes ce soir. "C'est très bizarre, on dirait que c'est la fin du monde", lâche ce journaliste qui rentre de vacances en Inde pour se mettre en quarantaine dans son pays, un des plus touchés par la pandémie. Roselise Anastase rentre elle en Guadeloupe. "On ne sera que 50 dans l'avion. Ça va être bizarre", dit-elle.
Il y a un an, Orly inaugurait en grande pompe 80.000 m² de nouvelles installations destinées à accueillir l'essor sans cesse croissant du trafic aérien, avec des perspectives de doublement du trafic en 20 ans au plan mondial. Désormais, pour une durée indéterminée, l'aéroport, fréquenté par 32 millions de passagers en 2019, ne verra plus passer que les vols d'État, les vols sanitaires et les déroutements d'urgence. La tour de contrôle restera active.
Contrastant avec le ballet incessant d'avions sur les pistes il y a encore quelques semaines, un peu plus de 80 avions sont désormais immobilisés sur les aires de stockage, une voie de circulation, une zone de maintenance et une piste en béton. Les zones sensibles des appareils, comme les sondes Pitot qui permettent de mesurer la pression subie par l'avion en vol, ou les moteurs, sont protégées.
Côté commerces, plus d'une centaine de boutiques, bars et restaurants ont dû baisser le rideau. La trentaine de SDF qui vivent à l'année à l'aéroport ont été accompagnés dans des centres d'hébergement, selon ADP. Mais tous n'ont pas accepté de partir.
"Réseau squelette"
Pour Thomas Juin, le président de l'Union des aéroports français (UAF), en l'absence de recettes, les aéroports sont aujourd'hui "en mode protection" avec une réduction maximale des charges.
Une personne sort du terminal 1 de l'aéroport d'Orly, désert, le 30 mars, à la veille de sa fermeture en raison de l'effondrement du trafic aérien pendant la pandémie du nouveau coronavirus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec les restrictions de déplacement visant à limiter la propagation du coronavirus partout dans le monde, le trafic aérien en Europe a baissé de près de 80%, selon des chiffres communiqués la semaine dernière par l'Association internationale du transport aérien (Iata). Air France, principal client d'Aéroports de Paris, ne propose plus que 10% de son offre habituelle.
Pour la plupart des plateformes, le trafic se résume actuellement à des vols de rapatriement et des vols sanitaires. "Il a fallu adapter la voilure. A terme, on va arriver à un réseau squelette, c'est-à dire CDG et quelques grands régionaux. Ça va se compter sur les doigts d'une main", poursuit M. Juin.
CDG et les principaux aéroports régionaux accueillent toujours des vols commerciaux mais une quarantaine de plateformes ont ou vont fermer d'ici à la fin de la semaine leur activité au trafic commercial, selon M. Juin. Certains maintiendront une activité côté piste pour assurer des vols d'intérêt général (sécurité civile, évacuations sanitaires, hélicoptères de surveillance), précise-t-il.
D'autres sont complètement fermés mais peuvent rouvrir à la demande avec un préavis d'une ou deux heures pour accueillir des vols spécifiques, ajoute-t-il. Quant à la reprise, encore imprévisible, "ça va être lent, progressif, voire fébrile", selon lui.
AFP/VNA/CVN