COVID-19 : Macron dans une usine de masques, plus de 3.000 morts en France

En pleine polémique sur l'insuffisance de masques en France au moment où le nombre de morts du coronavirus dépasse les 3.000, le président Emmanuel Macron visite mardi matin 31 mars une usine qui en produit près d'Angers (Maine-et-Loire).

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Le président français Emmanuel Macron porte un masque lors de la visite d'un hôpital militaire à Mulhouse (Est de la France), le 25 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Plus de 3.000 décès en hôpital, plus de 5.000 malades en réanimation : l'épidémie de coronavirus continue à mettre à l'épreuve les services hospitaliers français, dans le Grand Est mais aussi désormais en Île-de-France.

Après plusieurs évacuations de malades du Grand Est vers la Nouvelle-Aquitaine, la directrice de l'hôpital de Metz, Marie-Odile Saillard, a exhorté lundi 30 mars les autorités à lui accorder "douze transferts tous les jours" de patients pour répondre à l'afflux de malades dans des services de réanimation presque saturés.

Six patients ont été transférés lundi 30 mars par trois hélicoptères de l'armée de Terre, depuis Strasbourg vers la Suisse et l'Allemagne. Le Grand Est, qui a été la première région fortement touchée, enregistrait 3.950 hospitalisations, dont 844 en réanimation et 919 décès à l'hôpital.

En première ligne 

Les soignants sont en première ligne dans cette épidémie qui vient de faucher un sixième médecin, un praticien hospitalier à Metz. "Plusieurs" autres sont en réanimation, selon la direction de l'hôpital.

En région parisienne, "le pic est prévu pour plutôt la fin de la semaine", selon Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à l'hôpital Avicenne de Bobigny. Des patients d'Île-de-France devraient prochainement être transférés par train vers des régions moins en tension, selon des sources concordantes.

Près d'Angers, face à la maladie qui se propage, et à la polémique qui enfle, Emmanuel Macron veut "montrer la mobilisation exceptionnelle de notre industrie pour faire face aux besoins liés à la crise du COVID-19", a expliqué l'Elysée.

Le chef de l'État se rend dans la matinée à l'usine de masques de la PME Kolmi-Hopen, le plus gros des quatre producteurs français. Cette usine de masques FFP2 et chirurgicaux, située à Saint-Barthélémy-d'Anjou, tourne désormais 24 heures sur 24 pour accroître sa production.

La hausse de la production dans les quatre entreprises françaises de masques va permettre de porter la production nationale de 15 millions à 40 millions de masques par mois courant avril. Mais les besoins pour le personnel soignant et les Ehpad sont évalués à 40 millions par semaine, a souligné l'Élysée.

Un miliard de masques 

Du personnel décharge un avion cargo en provenance de Chine transportant dix millions de masques à l'aéroport de Paris-Vatry Airport à Bussy-Lettree (Est de la France), le 30 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour répondre aux besoins, la France a commandé un milliard de masques et organise un "pont aérien" avec la Chine, dont la première livraison de 8,5 millions de masques est arrivée lundi 30 mars. Une seconde livraison de Chine de 12 millions de masques est attendue mercredi, a précisé la présidence. Ces efforts ne suffisent pas, pour une partie de la classe politique. La patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, a accusé lundi 30 mars le gouvernement de mentir sur "absolument tout" aux Français.

Le premier ministre Edouard Philippe doit réunira jeudi matin 2 avril par visioconférence les présidents de partis politiques, responsables de groupes parlementaires et d'associations d'élus, afin de faire le point, a annoncé Matignon lundi 30 mars. En plein débat sur les bienfaits supposés de certains médicaments, l'Agence du médicament (ANSM) a alerté lundi soir 30 mars sur les possibles "effets indésirables graves" de certains d'entre eux, actuellement testés.

"Une trentaine" d'effets indésirables graves, dont "trois décès" chez des patients atteints du coronavirus sont en cours d'investigation pour déterminer si ces événements sont en lien ou pas avec les traitements qui leur ont été administrés: le Plaquénil (hydroxychloroquine) mais aussi d'autres médicaments tels que le Kaletra (un antirétroviral associant lopinavir/ritonavir), a indiqué Dominique Martin, le directeur général de l'ANSM.
Cette "épidémie inédite, sévère, meurtrière", selon le Directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a désormais causé 3.024 décès au total dont 418 au cours des dernières 24 heures - la plus forte hausse journalière depuis le début de l'épidémie. Ce "virus très contagieux, avec une diffusion rapide" qui exerce "un impact sans précédent" sur les 717 établissements de santé mobilisés, selon le Pr Salomon, a obligé à hospitaliser plus de 21.000 patients : parmi eux, plus de 5.100 sont en réanimation, soit 475 de plus depuis dimanche 29 mars.
Monstre tueur 
Des Parisiens, voisins, se parlent de balcon à balcon à Paris le 20 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Face à ce monstre tueur, "aucun médicament au monde n'a fait la preuve de son efficacité" a rappelé lundi 30 mars le Pr Salomon qui a également mis en garde contre l'automédication.
D'autres pistes sont à l'essai. L'assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) teste ainsi la possibilité d'oxygénation de patients à domicile, pour faire face à l'afflux de malades en Île-de-France. Et une solution issue du sang d'un ver marin aux pouvoirs d'oxygénation très importants pourrait ainsi être administrée à dix patients dans le cadre d'un essai clinique.
Sur le front économique, les présidents des 18 régions de France ont annoncé lundi 30 mars qu'ils allaient travailler à un plan de relance de l'économie en lien avec l’État. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a appelé de son côté les entreprises ayant recours à des mesures de chômage partiel à ne pas verser de dividende, après l'avoir interdit aux groupes bénéficiant d'un report de charges. Plus de 500.000 entreprises ont demandé à bénéficier d'un report de charges sociales en mars.
Un quart des 10.000 marchés alimentaires de France vont rouvrir cette semaine sous conditions sanitaires strictes. Les Français confinés depuis plus de deux semaines, ont certes passés beaucoup de temps devant leur télévision : en moyenne 4h29 chaque jour en mars : un record, selon Médiamétrie.
Mais ils multiplient aussi, pour certains d'entre eux les initiatives. Depuis son balcon parisien, le comédien et réalisateur Noam Cartozo réveille ainsi son quartier en animant une parodie du célèbre jeu télévisé "Questions pour un champion", opportunément rebaptisé "Questions pour un balcon".
AFP/VNA/CVN

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