Le patron d'Etihad, James Hogan, lors d'une conférence de presse à Rome, le 8 août. |
L'accord, précédé de tumultueuses tractations et sur lequel le doute a plané jusqu'au dernier moment, a été signé à Rome par les patrons des deux groupes, James Hogan pour Etihad et Gabriele Del Torchio pour Alitalia.
"Nous avons réussi, au bout d'un an de travail, tant de fatigue et tant de nuits", a déclaré M. del Torchio. "C'est un moment très important. Mon objectif était de mettre Alitalia en sécurité", a-t-il souligné, expliquant devant la presse que ses premiers contacts avec Abou Dhabi remontaient à il y a tout juste un an.
"Avec une bonne capitalisation et un bon plan stratégique, nous sommes confiants dans le fait que la compagnie peut être remise sur pied et repositionnée une nouvelle fois comme compagnie globale de premier choix", a estimé M. Hogan.
Etihad "croit en Alitalia, une grande marque avec un énorme potentiel". "Avec le luxe, la culture, la mode, la compagnie la plus sexy d'Europe devrait être Alitalia", a-t-il ajouté.
L'accord prévoit un investissement total de 1,758 milliard d'euros en plusieurs tranches, ont précisé les deux groupes dans un communiqué.
Etihad va investir 560 millions d'euros pour devenir le principal actionnaire d'Alitalia, à hauteur de 49% du capital, tandis que d'autres actionnaires verseront 300 millions d'euros. L'accord comprend également 598 millions d'euros de restructurations de dette ainsi que 300 millions de nouveaux prêts de la part de banques italiennes.
"La compagnie recapitalisée sera désormais à même d'investir dans un large plan stratégique, qui prévoit de nouveaux trajets long-courriers depuis Rome et Milan, une marque revivifiée et un accent plus marqué sur la promotion du tourisme et du commerce italiens", selon le communiqué.
"L'Italie attire le capital"
"Alitalia: l'accord avec Etihad est signé. Les faits parlent d'eux-mêmes. L'Italie sait attirer le grand capital. Poursuivons le travail", s'est félicité le ministre italien des Transports Maurizio Lupi sur Twitter.
Graziano Delrio, le bras droit du Premier ministre Matteo Renzi, a fait part du "grand plaisir" du gouvernement à l'annonce de ces "noces" tant attendues.
Depuis des semaines, le ministre Lupi avait averti qu'Alitalia, lourdement déficitaire et très endettée, n'avait que "deux options : le plan de relance d'Etihad ou l'abîme".
Une faillite d'Alitalia aurait été désastreuse pour l'Italie, à la fois en termes d'emploi (la compagnie compte 12.800 employés) et d'image, alors que Rome a déjà subi un revers avec l'annonce d'une rechute du pays dans la récession au deuxième trimestre.
L'actionnariat actuel du groupe (avant l'augmentation de capital) se compose d'une vingtaine de sociétés dont les banques Intesa Sanpaolo (20,59%) et UniCredit (12,99%), l'entreprise publique Poste Italiane (19,48%). Le groupe franco-néerlandais Air France-KLM (7% du capital), un temps pressenti pour sauver Alitalia, avait décliné l'offre l'année dernière avant l'entrée en piste d'Etihad.
Les négociations entre les promis, lancées officiellement en décembre 2013, ont longtemps buté sur la lourde dette d'Alitalia (environ un milliard d'euros), dont Etihad a exigé la restructuration, et sur les sacrifices en termes d'emplois (ses effectifs devraient tomber à environ 11.000 personnes).
Malgré des tensions, les syndicats ont accepté l'alliance. L'accord est assorti d'un "projet industriel, ce qui est une bonne nouvelle car il permet de dessiner un véritable futur pour Alitalia", a estimé Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL, principal syndicat italien.
Le plan envisagé prévoit que les comptes d'Alitalia repassent dans le vert "de manière durable" à partir de 2017.
Etihad, basée à Abou Dhabi et en pleine expansion, détient déjà des participations minoritaires dans Air Berlin (29%), Air Seychelles (40%), Virgin Australia (19,9%) et Aer Lingus (3%).
La transaction avec Alitalia doit encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence et sera sans doute également examinée à Bruxelles, alors que plusieurs rivaux d'Alitalia se sont déjà plaints d'atteinte à la concurrence. Le ministre Lupi s'est dit à cet égard "tranquille".
AFP/VNA/CVN