Menace iranienne, processus de paix au Proche-Orient, colonies israéliennes en Cisjordanie... Pour leur première rencontre, le 18 mai, le chef du nouveau gouvernement israélien de droite et le démocrate Barack Obama ne manquent pas de sujets de discorde.
M. Netanyahu, qui a refusé jusqu'ici de soutenir publiquement la création d'un État palestinien, veut d'abord régler la question iranienne et estime que les Palestiniens ne sont pas prêts pour une solution à 2 États. Le président américain voit, lui, dans l'avancée des négociations sur un futur État palestinien.
Cependant, pour l'expert Aaron David Miller, qui a travaillé avec les républicains et les démocrates, il n'y a pas de risque de confrontation entre Américains et Israéliens, même s'il existe des divergences. Israël, estime-t-il, peut au moins donner du temps à l'administration Obama pour obtenir de Téhéran des engagements sur la fin de son programme d'enrichissement de l'uranium. "Il n'y a pas de raison de se battre," souligne M. Miller, du Woodrow Wilson Center. "On n'affronte les Israéliens que si, en faisant pression sur eux, on peut vraiment obtenir quelque chose. Et, à l'heure actuelle, il n'y a rien à gagner," relève-t-il. M. Miller souligne aussi que la stratégie de l'administration Obama n'est pas "totalement établie" que ce soit sur l'Iran ou le processus de paix. Par exemple, dit-il, Washington ne semble pas pour l'instant promouvoir un donnant-donnant : le soutien du "faucon" Netanyahu à une solution à 2 États en échange d'un début de normalisation des pays arabes avec Israël.
Elliot Abrams, un des anciens conseillers à la sécurité nationale de George W. Bush, estime que l'approche de l'administration Obama sera plus claire après la venue à Washington de M. Netanyahu, suivie de celle du président égyptien Hosni Moubarak, le 26 mai, et du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas le 28. Selon M. Abrams, le président américain va aussi "évoquer les colonies" israéliennes en Cisjordanie, l'un des obstacles majeurs au processus de paix, mais "nous ne savons pas encore si M. Netanyahu va faire preuve de souplesse". Washington a appelé la semaine dernière Israël à arrêter la colonisation. "Je ne crois pas à un affrontement, essentiellement parce que cela ne serait dans l'intérêt d'aucune des 2 parties", observe M. Abrams.
Pour David Schenker, analyste du Washington Institute for Near East Policy, la divergence la plus grave concernera le délai que M. Obama est prêt à accorder à l'Iran pour répondre à ses appels au dialogue.
AFP/VNA/CVN