États-Unis et UE appellent à mettre fin au "cauchemar" du Tigré menacé de famine

Les États-Unis et l'Union européenne (UE) ont lancé jeudi 10 juin un appel pressant à l'action pour lutter contre un début de famine provoquée par le conflit dans le Tigré éthiopien, à la veille d'un sommet des dirigeants du G7 au Royaume-Uni.

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L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield aux Nations-Unies à New York le 1er mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"La famine est peut-être déjà en cours dans certaines zones, menaçant la vie de centaines de milliers de personnes. C'est inadmissible", a lancé l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une visioconférence internationale organisée par les États-Unis et l'UE.
"Pour éviter une catastrophe humanitaire, l'ensemble de la communauté internationale doit agir directement et indirectement, rapidement et avec vigueur", a soutenu Janez Lenarcic, le commissaire européen chargé de la gestion des crises.
L'impact du changement climatique sur les pays les plus pauvres, le financement du développement et les relations avec le continent africain seront évoquées par les dirigeants des sept grandes puissances industrialisées et leurs invités au cours de leur sommet ce week-end au Royaume Uni.
L'ambassadrice américaine a déploré l'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU à organiser une réunion publique pour mettre fin à la crise. Une réunion à huis clos est prévue mardi prochain.
Une urgence provoquée par l'homme 
"Nous assistons à un cauchemar humanitaire (...). Nous ne pouvons pas laisser l'
Éthiopie mourir de faim. Nous devons agir maintenant", a-t-elle déclaré. Mme Thomas-Greenfield a dénoncé une urgence "provoquée par l'Homme".
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, a envoyé l'armée fédérale au Tigré en novembre 2020 pour arrêter et désarmer les dirigeants du TPLF (Front de libération du peuple du Tigré), parti à l'époque au pouvoir dans cette région du Nord du pays et qui défiait le gouvernement central.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Addis Abeba le 18 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Il avait alors promis une opération militaire courte, mais les combats se poursuivent et de nombreux rapports font état d'atrocités, notamment le recours généralisé au viol.
Les Nations unies ont déclaré que plus de 90% des plus de cinq millions de personnes vivant au Tigré avaient besoin d'une aide alimentaire d'urgence et ont lancé un appel urgent pour obtenir plus de 200 millions d'USD afin d'intensifier leur réponse.
"La famine sévit maintenant dans le Tigré", a déclaré Mark Lowcock, chef des opérations humanitaires des Nations unies. "Nous avons vraiment besoin que tout le monde se mobilise", a-t-il insisté.
Les 
États-Unis ont annoncé un financement supplémentaire de 181 millions de dollars pour "fournir des denrées alimentaires vitales, des produits agricoles, de l'eau potable, des abris, des soins de santé et des services essentiels" aux personnes dans le besoin au Tigré.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pour sa part annoncé mercredi 9 juin une aide de 250 millions d'euros "pour lutter contre la faim", dont 50 millions d'euros spécialement alloués au Sahel et à l'Afrique de l'Est.
Mais l'acheminement de l'aide est bloqué par les belligérants.
"Brûlé et pillé" 
La directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), Samantha Power, a accusé les alliés militaires de l'
Éthiopie d'avoir "brûlé et pillé des semences et du matériel agricole et abattu des bœufs pour s'assurer que les champs restent en jachère, tant ils sont déterminés à éliminer les moyens de subsistance".
"Ces mêmes forces ont menacé, intimidé, détenu et même tué des travailleurs humanitaires qui tentaient de nourrir les personnes affamées", a-t-elle ajouté.
"Nous savons ce qui se passe au Tigré, malgré la nature complexe du conflit et les tentatives du gouvernement éthiopien de le cacher", a-t-elle dénoncé.
"Cela impose de faire tout ce que nous pouvons pour y mettre fin", a-t-elle ajouté.
Les 
États-Unis ont décidé d'imposer des restrictions de visa à des responsables érythréens et éthiopiens accusés d'avoir attisé le conflit. Washington a par ailleurs annoncé des restrictions "à grande échelle" en matière d'assistance économique et sécuritaire à l'Éthiopie.
L'UE a pour sa part gelé depuis décembre le versement de quelque 90 millions d'euros d'aide budgétaire à l'
Éthiopie.

AFP/VNA/CVN

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