États-Unis-Afghanistan : malgré la polémique, Washington défend Karzaï, "un partenaire fiable"

Le chef du Pentagone, Robert Gates, et la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton sont montés au créneau le 11 avril pour défendre le président afghan Hamid Karzaï, "un partenaire fiable" malgré la polémique suscitée par ses propos contre les pays occidentaux.

"Nous le considérons comme un partenaire fiable", a dit Mme Clinton au cours d'une interview sur la chaîne CBS, tandis que le secrétaire à la Défense soulignait sur ABC que le chef de l'État afghan avait "une relation très positive" avec le général américain Stanley McChrystal, commandant des forces de l'OTAN en Afghanistan.

Ces propos conciliants surviennent après des jours de tension entre Washington et Kaboul, déclenchées par des déclarations du président afghan accusant les Occidentaux d'avoir été à l'origine des fraudes électorales lors de la présidentielle de 2009.

Au même moment, une démonstration d'unité avait lieu en Afghanistan même, où M. Karzaï se réunissait avec l'émissaire américain dans la région Richard Holbrooke et le général David Petraeus, chef des forces américaines au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Plus tôt, le chef d'État afghan et le général McChrystal s'étaient réunis, semblant là encore montrer leur volonté de tourner la page avant des offensives militaires majeures.

M. Karzaï avait déclenché la polémique après la récente visite du président Barack Obama dans le pays, au cours de laquelle ce dernier l'a appelé à agir avec plus de fermeté contre la corruption. La Maison Blanche avait laissé entendre cette semaine qu'une visite de M. Karzaï prévue le 12 mai aux États-Unis pourrait être annulée, mais vendredi un haut responsable a assuré qu'elle serait maintenue.

M. Gates a souligné le 11 avril que Washington devait faire preuve de prudence dans ses remarques, des critiques virulentes à l'encontre de M. Karzaï pouvant être perçues à Kaboul comme une atteinte à la souveraineté. "Je pense honnêtement que nous devons faire attention à nos propres commentaires sur le président Karzaï et garder à l'esprit qu'il incarne la souveraineté de l'Afghanistan", a dit M. Gates.

Mme Clinton a expliqué pour sa part que M. Karzaï, comme d'autres dirigeants étrangers, pouvait penser à tort que des critiques parues dans la presse américaine reflétaient la position de l'administration. "Il n'est pas le seul à se demander si lorsqu'il est attaqué par un quotidien aux États-Unis, notre gouvernement est derrière", a dit la secrétaire d'État sur NBC.

Elle a qualifié certaines allégations de la presse de "folkloriques" et "vraiment regrettables".

Le Wall Street Journal a rapporté récemment que M. Karzaï avait averti, lors d'une réunion privée avec des parlementaires afghans, que l'insurrection des talibans pourrait devenir un mouvement de résistance légitime, et aurait même parlé de rallier les talibans.

Dans un entretien avec la chaîne américaine MSNBC, l'Américain Peter Galbraith, ancien représentant adjoint de l'ONU en Afghanistan, a par ailleurs mis en doute "l'équilibre mental" du dirigeant afghan, insinuant qu'il pouvait avoir un faible pour les opiacés.

Porté à la tête de l'Afghanistan fin 2001 par les pays de la coalition emmenée par les Américains qui venait de chasser les talibans du pouvoir, M. Karzaï a été élu en 2004 et réélu en 2009.

L'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche a mis fin à son idylle avec l'administration Bush et les critiques qui pointaient déjà se sont multipliées sur son gouvernement gangrené par la corruption.

AFP/VNA/CVN

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