En raison de l'évolution des conflits et d'un manque de distinction claire entre combattants et civils, "ce sont les civils, hommes, femmes et enfants, qui deviennent de plus en plus les principales victimes des conflits armés", a reconnu le président du CICR, Jakob Kellenberger, dans un discours prononcé à l'occasion du 60e anniversaire des Conventions.
Pour M. Kellenberger, il y existe de fait "encore beaucoup trop de violations" de ces 4 textes signés le 12 août 1949 et qui établissent les règles de protection des civils, des détenus, blessés et travailleurs humanitaires lors de conflits.
Il a ainsi appelé "les États et groupes armés non étatiques à faire preuve de la volonté politique requise pour que ces dispositions juridiques soient une réalité sur le terrain". "Je leur demande instamment de faire preuve de bonne foi en protégeant les victimes des conflits armés (...), conflits qui risquent de devenir toujours plus pernicieux dans les années à venir", a-t-il insisté.
Pour le CICR, qui joue le rôle de garant de ces règles relevant du droit humanitaire international, leur respect reste ainsi le "principal défi" à une époque où les conflits ont changé de nature et rendu plus complexe leur application.
"Cette situation, hélas, est aggravée par la culture d'impunité qui prévaut de nos jours", a encore constaté M. Kellenberger.
D'où l'importance, explique-t-il, de réaffirmer la pertinence des Conventions qui ont été durement mises à l'épreuve ces dernières années. Après le 11 septembre et la nouvelle guerre contre le terrorisme engagée par les États-Unis, des voix se sont élevées pour contester la validité de ces lois.
Mais au bout du compte, les Conventions ont été consolidées, assure le CICR.
Il n'en demeure pas moins que des "clarifications" sur ces règles établies il y a 60 ans sont devenues nécessaires, estime l'organisme humanitaire.
"La nature des conflits armés, ainsi que leurs causes et incidences, continuent d'évoluer. Le droit humanitaire international (DIH) doit donc, lui aussi, évoluer", a fait valoir le président du CICR. Il a notamment donné l'exemple de la règle qui stipule que les civils ne participant pas directement aux conflits ne peuvent devenir des cibles légales. Toutefois, le concept de "participation directe aux hostilités" est devenu flou du fait même que les civils se sont retrouvés au coeur des combats. "Ce manque de précision a coûté des vies. C'est simplement injustifiable", a martelé M. Kellenberger.
C'est pourquoi le CICR a établi un Guide interprétatif présentant ses recommandations sur la question.
D'autres points mériteraient également des éclaircissements, tels que les notions-clé "d'objectif militaire" ou "de principe de précaution".
M. Kellenberger a enfin souligné le problème des conflits armés non internationaux. Il n'existe actuellement pas de "définition juridique claire universellement acceptée de tels conflits", devenus pourtant "les plus fréquents et causant les souffrances les plus grandes", a-t-il déploré.
AFP/VNA/CVN