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Une photo montre le 17 mars l'hôtel Dan Panorama à Tel-Aviv, où seront transférés les patients touchés par le nouveau coronavirus mais dont l'état ne nécessite pas une hospitalisation. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le feu vert a été donné par le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, alors que son rival Benny Gantz vient d'être chargé, 15 jours après les législatives, de former un nouveau gouvernement pour sortir le pays d'une longue crise politique et faire face à la pandémie de la maladie COVID-19. Déterminé à utiliser tous les moyens "dans la guerre contre un ennemi invisible", M. Netanyahu avait proposé dès samedi 14 mars de charger le Shin Beth de collecter les données sur les citoyens, une mesure qui soulève selon les experts, des questions quant à son côté démocratique.
Mais le gouvernement a ensuite approuvé la mesure. Celle-ci devait être examinée lundi par une commission parlementaire qui a néanmoins ajourné son vote. Voulant accélérer les choses, M. Netanyahu a affirmé que son cabinet approuverait "des règles d'urgence qui permettront l'usage de technologies numériques dans la guerre contre le coronavirus". Le Shin Beth a indiqué avoir été "autorisé à mettre ses technologies de pointe" au service de cette entreprise. Une décision à effet "immédiat", a précisé un porte-parole du service de sécurité intérieure.
Sans autorisation
"Le Shin Beth sait que cette mission dépasse ses activités antiterroristes habituelles, donc la demande" a été approuvée par le procureur général, a déclaré son chef Nadav Argaman, précisant que des mécanismes de surveillance avaient été établis. Selon des précisions de la mesure ayant fuité dans la presse, la police pourra obtenir, sans autorisation de justice, la localisation des porteurs du virus et des personnes en quarantaine via les opérateurs téléphoniques.
Le Shin Beth pourra utiliser la localisation des malades sur une période de 14 jours ayant précédé leur diagnostic afin d'"identifier leurs trajets et les personnes avec qui elles sont entrées en contact", selon ces détails. Les données seront transmises au ministère de la Santé et ne seront pas sauvegardées par le Shin Beth, a assuré Nadav Argaman, estimant que devant la gravité de la pandémie, son service avait la responsabilité de mettre à contribution "ses compétences uniques".
Un garde de sécurité prend la température d'une femme à l'entrée d'une maison de repos à Ramat Gan, en Israël, le 17 mars |
Photo : AFP/VNA/CVN |
D'après un dernier bilan du ministère de la Santé, 304 personnes ont été contaminées par le coronavirus et des dizaines de milliers d'autres sont confinées. Mardi 17 mars, les mesures déjà strictes ont été durcies avec l'interdiction des déplacements "non-essentiels".
"À la sauvette"
"Il n'y aura pas d'intrusion massive dans les téléphones", a assuré un responsable sécuritaire, en parlant des méthodes de surveillance. M. Gantz a appelé de son côté à un contrôle des décisions du gouvernement par le nouveau Parlement. Parlant du passage en force de M. Netanyahu, le colistier de M. Gantz, l'ancien général Gabi Ashkenazi, a dénoncé "une décision prise en pleine nuit à la sauvette".
"Une action urgente face à la propagation du coronavirus peut sauver des vies", a rétorqué M. Netanyahu. Selon lui, les débats parlementaires auraient pu prendre "des jours" et il fallait donc "rapidement" approuver la mesure en vigueur pendant 14 jours. "Les intentions sont bonnes mais le chemin emprunté est problématique", a estimé sur Twitter Michael Birnhack, professeur de droit à l'université de Tel-Aviv, craignant que la mesure reste en vigueur "pendant longtemps" une fois la crise du coronavirus terminée.
Pour Tehilla Shwartz Altshuler, du groupe de réflexion Israel Democracy Institute, le fait d'impliquer un service de sécurité dans une crise sanitaire crée "un dangereux précédent". Pour elle, "le Shin Beth gère des problèmes de sécurité nationale" et faire appel à ce service dans de telles circonstances implique qu'Israël ne se comporte plus comme une démocratie.
AFP/VNA/CVN