Coronavirus : des millions de morts ? Éviter le scénario du pire

Combien le coronavirus fera-t-il de morts ? Personne n'est encore capable de répondre à cette question mais dans le pire scénario, cela pourrait se chiffrer en millions à travers le monde, avertissent les experts, qui insistent donc sur l'importance des mesures comme le confinement.

>>Premier décès au Brésil, Bolsonaro dénonce une "hystérie"

>>Confinement généralisé en Belgique de mercredi jusqu’au 5 avril

>>Les Français acceptent tant bien que mal leur confinement

Bilan et expansion de la pandémie de COVID-19, au 17 mars à 09h00 GMT.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Il faut être réaliste et honnête : oui, c'est possible, et notre travail, notre défi, est de faire en sorte que ça n'arrive pas", a martelé dimanche 15 mars sur CNN Anthony Fauci, expert mondialement respecté, à qui l'on demandait s'il était possible que des centaines de milliers d'Américains meurent du COVID-19. Ces hypothèses sont basées sur des simulations mathématiques bâties selon ce qu'on sait de la maladie COVOD-19 (contagiosité, mortalité supposée, etc.).

Il faut bien comprendre que ces projections ne sont pas des boules de cristal, mais des outils pour guider les politiques publiques. Pour cela, elles envisagent donc le pire. La plus importante a été rendue publique lundi par l'Imperial College de Londres (ICL), qui l'a "communiquée aux décideurs politiques du Royaume-Uni et d'autres pays ces dernières semaines". Premier constat : "Si aucune action n'était entreprise contre l'épidémie, on pourrait s'attendre à environ 510.000 morts en Grande-Bretagne [sur une population de 66 millions de personnes, environ autant que l'Italie ou la France] et 2,2 millions aux États-Unis" [sur 330 millions]. Et cela sans même tenir compte des morts supplémentaires entraînés par la saturation des hôpitaux.

Pour parvenir à ce genre d'estimations, les chercheurs partent d'une donnée aujourd'hui communément admise : en l'absence de mesures pour combattre l'épidémie, chaque malade du COVID-19 contamine deux à trois personnes. Dans ce cas de figure, "81% de la population britannique et américaine" seraient infectés à terme. Puis on applique le taux de mortalité estimé de la maladie, autour de 1% des personnes qui déclarent des symptômes, sachant qu'une grosse proportion des gens infectés n'en déclare pas, ou très peu.

Atténuer ou endiguer ?

Toutefois, ces nombres de morts impressionnants ne sont que théoriques, puisqu'ils sont calculés dans l'hypothèse où les pays ne prennent aucune mesure, ce qui n'est pas le cas. Reste à savoir quelle est l'efficacité de chacune d'entre elles. C'est ce que les chercheurs de l'ICL ont tenté d'évaluer.

Conclusion : des mesures d'"atténuation" de l'épidémie (quarantaine des cas identifiés et de leur famille, isolement des sujets à risques comme les personnes âgées ou atteintes d'autres pathologies) ne suffiraient pas à réduire drastiquement le nombre de morts. "Les pays qui en sont capables" doivent plutôt opter pour une seconde stratégie, "l'endiguement", qui vise carrément à éteindre l'épidémie.

Mais elle suppose des mesures beaucoup plus strictes, comme l'isolement ("distanciation sociale") de l'ensemble de la population ou la fermeture des écoles, comme l'ont désormais décidé une partie des pays européens. Ces mesures ont "un important coût économique et social", reconnaissent les chercheurs. Selon eux, elles pourraient donc être ponctuellement allégées, mais devraient être remises en place aussitôt que le nombre de cas recommence à augmenter.

Plage déserte à Saint-Malo, en Bretagne, le 17 mars après l'entrée en vigueur des mesures de confinement.
Photo : AFP/VNA/CVN

Et, au total, elles devraient être "maintenues pendant le temps nécessaire à l'élaboration d'un vaccin", ce qui pourrait prendre... "18 mois voire plus". La publication de ce rapport a coïncidé avec l'adoption de ce genre de mesures drastiques par la France et avec un changement de stratégie au Royaume-Uni. Lundi, ce pays a considérablement renforcé ses mesures, en demandant notamment d'éviter tout contact et tout déplacement "non essentiel".

Tests

Jusqu'à présent, le gouvernement de Boris Johnson avait pris des actions minimalistes, en misant sur le fait qu'une circulation du virus dans la population finirait par créer une "immunité de groupe" (la maladie s'éteint d'elle-même faute de nouvelles personnes à contaminer). Problème : une telle stratégie entraînerait "250.000 morts en Grande-Bretagne et 1,1 million aux États-Unis", a averti l'ICL.

De son côté, le comité scientifique qui conseille les autorités françaises a estimé dans un rapport que "si on laisse le virus se propager (...), on s'attend à ce qu'au moins 50% de la population soit infectée", avec "des centaines de milliers de morts en France". Outre les aspects sanitaires, le choix d'une stratégie doit prendre en compte des considérations sociales et économiques, pour parvenir à un équilibre acceptable par la population.

"Le confinement extrême fonctionne, mais la question, c'est +Est-il nécessaire d'en arriver-là, avec des gens qui arrêtent de travailler et des fermetures généralisées ?+", déclare Sharon Lewin, du Peter Doherty Institute for Infection and Immunity de Melbourne (Australie). Par ailleurs, de nombreuses inconnues subsistent sur le virus, qui empêchent encore d'y voir clair sur sa mortalité. La principale est le nombre réel de personnes infectées, sous-estimé dans de nombreux pays faute de tests généralisés.

D'où l'importance des tests de sérologie que la communauté scientifique essaie actuellement de mettre au point. Contrairement aux tests actuels, qui permettent de dire qu'un malade est infecté à l'instant T, les tests de sérologie détectent les anticorps pour déterminer après coup si un individu a été en contact avec le virus.

"Une fois qu'on aura cela, nous disposerons d'une très bonne connaissance de la sévérité de la maladie, âge par âge", explique Cécile Viboud, épidémiologiste au NIH (Instituts américains de la santé). Mais le temps presse : selon l'ICL, "la menace que fait peser le COVID-19 sur la santé publique" est comparable à celle de "la grippe espagnole de 1918".


AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top