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Des habitants de Sao Paulo portent des masques pour tenter de se protéger du coronavirus, le 16 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La première victime brésilienne est un homme de 62 ans mort lundi 16 mars dans un hôpital de Sao Paulo, ville la plus peuplée du pays et principal foyer de contamination. Les autorités sanitaires locales ont précisé en conférence de presse qu'il souffrait également de diabète et d'hypertension, et qu'il n'avait pas voyagé à l'étranger ces dernières semaines.
Le bilan pourrait s'alourdir : quatre décès suspects ont été recensés dans le même hôpital et des analyses sont en cours pour déterminer s'ils ont été causés ou non par le COVID-19. Le Brésil, un immense pays de 210 millions d'habitants, comptait mardi 17 mars 291 cas confirmés, selon le dernier bulletin du ministère de la Santé. Avant même l'annonce de ce premier décès, la ville de Sao Paulo et l'État de Rio de Janeiro - deuxième foyer de contamination du pays - avaient déclaré l'état d'urgence, avec une série de mesures visant à endiguer l'expansion de la pandémie.
"Crime contre la santé publique"
Parmi ces mesures publiées mardi au Journal officiel, d'importantes restrictions touchant les restaurants et les transports en commun, que le président Bolsonaro a jugées trop drastiques. "L'économie allait bien, mais ce virus a provoqué une certaine hystérie. Certains gouverneurs, à mon avis, même si je me trompe peut-être, ont pris des mesures qui vont porter préjudice à notre économie", a affirmé le chef de l'État lors d'un entretien à une radio locale de Rio, Radio Tupi.
Le président d'extrême droite avait déjà suscité un tollé dimanche en allant saluer des partisans qui participaient à Brasilia à une manifestation pour le soutenir. Il a serré des mains et posé pour des "selfies" en tenant lui-même des téléphones de manifestants, malgré les recommandations de son propre ministère de la Santé d'éviter les rassemblements.
"Pour le moment, le président ne semble pas prendre l'épidémie au sérieux", a fustigé le quotidien Estado de S. Paulo dans un éditorial publié mardi 17 mars. Janaina Paschoal, avocate qui a joué un rôle fondamental dans la destitution de l'ex-présidente de gauche Dilma Rousseff en 2016, a considéré lundi 16 mars que Jair Bolsonaro - qu'elle avait pourtant soutenu lors de son élection - devrait quitter sa fonction parce qu'il avait "commis un crime contre la santé publique".
Des partisans du président brésilien Jair Bolsonaro rassemblés à Brasilia, le 15 mars |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le président a toutefois décidé mardi soir 17 mars la fermeture "partielle" de la frontière avec le Venezuela, à partir de mercredi 18 mars. "Ce n'est pas une fermeture totale, le transit des marchandises se poursuivra", a-t-il dit à des journalistes à Brasilia. L'économie de l'État frontalier du Roraima est hautement dépendante de ses liens avec le Venezuela voisin (36 cas, aucun décès), qui a décrété un confinement quasi-total depuis mardi 17 mars.
Plan de soutien à l'économie
La propagation du COVID-19 a été prise très au sérieux par les autorités de Rio et Sao Paulo, qui ont décidé dès vendredi de fermer les écoles et tous les lieux culturels. Mardi 17 mars, le décret d'état d'urgence a imposé de nouvelles restrictions, mais a également permis de donner plus de souplesse aux pouvoirs publics pour lutter contre la pandémie. À Sao Paulo, le maire Bruno Covas a notamment décidé que la municipalité pourrait requisitionner des biens et services auprès d'entreprises pour lutter contre l'expansion de la pandémie.
Dans les transports publics, du gel désinfectant doit être systématiquement à disposition des usagers, notamment dans les stations de métro ou de train de banlieue. À Rio, le pain de sucre et le Christ rédempteur sont fermés au public à partir de mardi 17 mars et mercredi 18 mars respectivement. "Les transports en commun doivent fonctionner seulement à 50% de leur capacité (et) seules les places assises doivent être occupées", a précisé le gouverneur Wilson Witzel, lors d'un entretien à TV Globo.
Les restaurants doivent fonctionner à 30% de leur capacité et privilégier les services de livraison à domicile ou la vente de repas à emporter. Pour tenter de limiter l'impact du coronavirus sur l'économie, le gouvernement a annoncé lundi soir 16 mars un plan de soutien de 147,3 milliards de réais (26 milliards d'euros).
Le plan prévoit notamment d'anticiper le versement de prestations sociales pour stimuler la consommation et de venir en aide aux petites entreprises pour éviter une vague de licenciements dans un pays qui compte déjà plus de 12 millions de chômeurs. Une mesure saluée par un rebond de 4,85% à la clôture à la Bourse de Sao Paulo, au lendemain d'une dégringolade de près de 14%.
AFP/VNA/CVN