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Le chantier de Notre-Dame à Paris, le 11 mars. |
Le général Jean-Louis Georgelin, président de l’Établissement public qui pilote depuis novembre l'immense chantier censé permettre une reconstruction en cinq ans comme souhaité par Emmanuel Macron, entend ne pas faire courir de risques aux ouvriers et compagnons mobilisés sur le site, dans des conditions parfois rudes.
Les installations de décontamination existantes ne permettaient pas en effet de garantir les règles de sécurité relatives au coronavirus, notamment les distances minimales de sécurité, a-t-on fait valoir. La sécurité et la sûreté du chantier resteront assurées et un système d'astreintes mis en place, afin de veiller à toute dégradations, affaissements, actes malveillants pendant cette suspension.
"Il s'agissait d'exemplarité, d'assurer une sécurité intégrale pour les compagnons", a indiqué une source interne. Durant les premiers mois, après l'incendie du 15 avril 2019, c'est précisément cette question de la sécurité des ouvriers qui avaient nourri des débats, principalement sur la question du plomb. Des experts et ONG avaient épinglé l'insuffisance des précautions mis en œuvre, les responsables se justifiant par l'urgence d'aller au plus pressé, alors qu'on ne savait pas pour sûr si l'édifice tiendrait debout.
Les risques de contamination liées aux particules de plomb qui s'étaient répandues dans l'atmosphère et au sol, entre les pierres, aux abords du bâtiment, devaient conduire la préfecture d'Île-de-France, répondant aux préoccupations de l'Agence régionale de santé (ARS), à suspendre le chantier pendant trois semaines l'été dernier.
À la reprise des travaux, des protocoles très stricts ont été adoptés avec pédiluves, douches, combinaisons spéciales pour tous ceux travaillant ou passant sur le chantier, ne fut-ce qu'un instant. Ce qui n'a pas été sans mécontenter les entreprises et ce même personnel, qui ont jugé le travail inutilement ralenti.
Délicat chantier
Pendant l'hiver, une météo difficile - tempêtes, pluies - n'a pas facilité les choses, empêchant certains jours d'avancer. Mais fin décembre, on envisageait avec confiance un possible démarrage dès février du démontage de l'échafaudage : cet échafaudage énorme, qui, en s'écroulant même partiellement ou en perdant une de ses poutres, risquerait de défoncer la voûte fragilisée. Le scénario cauchemardesque à éviter. À mi-mars, ce "chantier dans le chantier", annoncé imminent ces dernières semaines, n'a pas démarré.
Démonter un à un 10.000 tubes de métal que l'incendie a soudés, n'est pas tâche facile. Cela représentera plusieurs mois de travail. Une grue géante, capable de lever jusqu'à huit tonnes, a été installée mi-décembre. Avant ce démontage, il a fallu le préparer : un ceinturage de l'échafaudage avec des poutres métalliques a été réalisé. Un deuxième échafaudage léger a été élevé de part et d'autre de l'ancien. À partir de poutrelles équipées de rails, des cordistes, appelés "écureuils", pourront descendre dans l'échafaudage pour scier et démonter les pièces.
L'idée était de boucler avant l'été, pour enfin sortir le joyau gothique de l'état d'urgence absolue, et de procéder au diagnostic de l'immense bâtiment. Tout est retardé de quelques mois, aussi longtemps que l'épidémie liée au nouveau coronavirus présentera un risque. Après seulement, viendra la phase de la reconstruction, à l'identique ou non.
AFP/VNA/CVN