Les Français acceptent tant bien que mal leur confinement

Places et avenues vides, quartiers touristiques et monuments déserts : Paris comme le reste de la France a massivement obéi mardi midi 17 mars au gouvernement qui a ordonné aux Français "Restez chez vous !" pour lutter contre la propagation du coronavirus.

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Confinement à Paris, le 17 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

La matinée a pourtant été animée dans la plupart des grandes villes, avec de longues files d'attente devant les supermarchés vite dévalisés ou les pharmacies. Un dernier souffle de liberté avant le couperet tombé à midi (11h00 GMT) : la circulation des personnes est désormais restreinte aux trajets nécessaires, c'est-à-dire les courses, les soins, une activité physique ou le travail.

"Le repas de famille, les dîners entre amis, le match de foot avec quelques amis, les retrouvailles pour une partie de cartes. (...) Ça n'est pas seulement déconseillé, c'est interdit", a détaillé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Quelque 100.000 policiers et gendarmes sont déployés pour faire respecter ces règles sur le territoire et les contrevenants seront "sanctionnés" d'une amende qui sera portée à 135 euros rapidement. Seule une attestation justifiant telle ou tel déplacement permettra d'y échapper.

"Je suis respectueuse de ce qu'on me demande", explique Véronique Martin, sortie s'aérer en pédalant un peu dans Paris et munie du document. "Si grâce à ça, on peut aller plus vite pour faire taire le virus, ça m'irait très bien", ajoute-t-elle, alors qu'elle est contrôlée par des policiers. Ces derniers ont pour consigne de faire de la pédagogie mardi 17 mars avant de sanctionner le lendemain.

Également sortie faire un peu d'exercice, Hélène, elle, se prépare mentalement à un confinement "de 30 ou 40 jours" au lieu des 15 annoncés, et tente d'y faire face avec des habitudes saines. "C'est comme ça, même si je n'ai pas tellement peur pour moi, il faut le faire, il n'y a pas de débat", se résigne la trentenaire. Finalement, rares sont les récalcitrants et la plupart des quartiers touristiques se sont vidés, à l'image de Pigalle dans le Nord de la capitale ou Montmartre.

Sur les Champs-Élysées, Christian et Luciana, deux touristes brésiliens se font rabrouer par un policier : "Go to your hotel !" leur dit-il alors qu'ils tentent de déguster un sandwich sur un banc, sans savoir que les monuments parisiens ont fermé. Le constat est le même dans les villes de province.

Dans le cœur historique de Bordeaux (Sud-Ouest), les rares voitures qui circulent dans l'après midi justifient leur présence. "Je suis en retard", assure un artisan vitrier, "je rentre chez moi", dit un autre automobiliste qui "est allé emmener quelqu'un à l'aéroport".

"Intenable"

La province a subitement connu un accès de popularité dès lundi soir 16 mars, lorsque de nombreux Parisiens ont quitté la capitale, anticipant des mesures plus drastiques pour aller vivre ce confinement à la campagne.

Des soldats de l'opération Sentinelle en patrouille à Paris, le 17 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Véhicules chargés à bloc, queues aux stations-service : dans une ambiance d'exode, les bouchons à la sortie de la capitale étaient dignes d'un départ en vacances. "Être confinés à deux dans 24 m² sans avoir accès à la nature ou aux parcs, c'est intenable", dit Marie Bournazel, une consultante en management qui a pris lundi soir 16 mars le dernier train Paris-Bordeaux pour se rendre avec son mari chez sa mère. "On a pris énormément de bagages, car on s'attend à devoir rester quinze jours, trois semaines... peut-être plus", craint-elle.

Justine Daragon, coach et consultante en bilan de compétences, a également quitté la capitale pour rejoindre sa famille en Normandie, "agacée notamment par le manque de civisme des Parisiens". La fréquence des trains en France a depuis été réduite pour éviter que le virus ne circule davantage. Pour faire comme leurs voisins italiens qui chantent depuis leur balcon pour conjurer le virus, quelques Parisiens se sont mis à leur fenêtre mardi soir 17 mars à 20h00 GMT pour applaudir, chanter, et soutenir les personnels soignants.


AFP/VNA/CVN

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