Coronavirus : en France, les prisons aussi sous cloche

Parloirs suspendus pour les familles et proches des détenus, mais promenades maintenues entre les murs : le confinement général de la population française touche aussi les prisons pour lesquelles les autorités ont pris une nouvelle série de mesures, afin de limiter la propagation du coronavirus.

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La maison d'arrêt de Grasse dans les Alpes-Maritimes.
Photo : AFP/VNA/CVN

La garde des Sceaux Nicole Belloubet a annoncé mardi 17 mars la suspension de l'accès aux parloirs des 188 prisons françaises pour les familles des détenus. Cette décision était attendue, alors que les autorités ont renforcé lundi soir 16 mars les restrictions des déplacements et regroupements dans les 15 prochains jours, décrétant ainsi le confinement général pour tenter d'enrayer l'épidémie du nouveau coronavirus (COVID-19). La mesure ne prendra toutefois effet que "mercredi", a précisé la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP).

Cette suspension est "provisoire" et "destinée à éviter la propagation du virus et protéger l'ensemble de la population", a insisté la ministre de la Justice. Les autorités veulent éviter un scénario à l'italienne, où la suppression des parloirs dans ce pays avait provoqué de violentes mutineries qui ont fait plusieurs morts parmi les détenus.

Avant même l'officialisation des nouvelles mesures, un incident a d'ailleurs éclaté à la maison d'arrêt de Grasse, sans faire de blessés. Des détenus sont parvenus à passer d'une cour de promenade à une autre en dégradant des grillages. Le calme était revenu peu après 13h30. De brefs incidents ont également eu lieu dans plusieurs établissements, à Perpignan, Valence ou Angers, les détenus refusant de réintégrer leurs cellules après la promenade, selon des sources concordantes.

"100.000 masques"

Certains de ces mouvements semblent liés à une crainte d'une interruption des promenades et de la livraison des colis, qui seront bien assurées. Dans une note, le directeur de l'Administration pénitentiaire Stéphane Bredin demande à veiller à ce que "chaque détenu puisse bénéficier d'une promenade quotidienne au moins", en limitant le nombre de personnes présentes simultanément dans une cour ou un terrain de sport pour respecter "les règles sanitaires".

La prison de Fresnes dans le Val-de-Marne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les détenus pourront également continuer à "cantiner", c'est-à-dire acheter des denrées, du tabac ou des produits d'hygiène. Mais les activités (sport, cultes, formations...) impliquant l'entrée en détention d'intervenants extérieurs sont quant à elles suspendues.

Un détenu de Fresnes (Val-de-Marne) âgé de 74 ans est décédé à l'hôpital lundi 16 mars du coronavirus. Trois personnels de l'établissement sont également malades, dont deux infirmières et la directrice des ressources humaines. Au sein du huis clos des prisons, qui souffrent de surpopulation carcérale chronique et comptent plus de 70.000 détenus pour 30.000 surveillants, l'inquiétude d'une propagation à grande échelle est palpable.

"On est tous dans la même galère", a déclaré Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap-Unsa Justice. "Il faut qu'ils comprennent : ce n'est pas la population pénale contre les personnels. S'il n'y a plus personne pour leur ouvrir les portes et leur donner à manger, c'est pour eux que ça va être un problème", ajoute-t-il.

Le secrétaire général du syndicat majoritaire, FO-Pénitentiaire, a déploré des mesures "trop tardives". "La fin des parloirs, je l'ai demandée dès jeudi", a affirmé Emmanuel Baudin. La ministre de la Justice a répondu à l'une des préoccupations des personnels pénitentiaires : elle a annoncé dans un communiqué la mise en place d'un "stock de 100.000 masques" de protection et leur distribution aux agents en contact avec des détenus présentant les symptômes du COVID-19.

Elle promet également, pour compenser la suspension des parloirs, de "préserver les liens familiaux (...) en s'appuyant sur le déploiement des téléphones en cellule". Environ 70 établissements pénitentiaires sont déjà équipés de téléphones fixes en cellule, a précisé Mme Belloubet. La contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, a elle demandé une "régulation carcérale" dans les "maisons d'arrêt les plus surpeuplées", là où le risque sanitaire est "élevé".

Ainsi Mme Hazan "recommande de réduire la population pénale à un niveau qui ne soit pas supérieur à la capacité d'accueil des établissements" en favorisant les sorties de prison et en limitant les entrées. Une proposition de réduction "drastique" du nombre de prisonniers a aussi été faite par plusieurs associations. Nicole Belloubet a affirmé à "20 minutes" que le gouvernement n'était "pas du tout dans cette optique-là".

AFP/VNA/CVN

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