«Ce que nous avons observé en général a été jugé bon et équitable", mais "les élections n'ont pas été libres dans certaines parties du pays en raison de la terreur" qui y règne, a déclaré Philippe Morillon, chef de la mission de 120 observateurs européens, lors d'une conférence de presse à Kaboul.
Depuis jeudi soir, les partenaires internationaux du gouvernement de Kaboul se félicitent du déroulement des élections en matière de sécurité.
Les rebelles talibans avaient menacé d'attaquer les scrutins, mais le bain de sang redouté n'a pas eu lieu, malgré de nombreux incidents.
La mission européenne n'a pas dérogé à la règle en soulignant qu'en dépit des menaces et violences, "les citoyens afghans sont venus voter".
Saluant une "victoire du peuple afghan", M. Morillon a toutefois souligné que "dans certaines zones du pays, il a été extrêmement difficile, voire impossible, de voter" en raison des violences. Il ne s'est pas prononcé sur la crédibilité des scrutins, un domaine sur lequel les responsables internationaux sont en général restés prudents, dans l'attente des chiffres de la participation, attendus d'ici quelques jours, et des résultats, à partir du 3 septembre.
Dans ce domaine, et alors que les accusations de fraudes se multiplient, le rapport de la mission relève de nombreuses irrégularités, notamment sur la constitution des listes électorales, avec des rapports suggérant qu'"il y avait davantage de cartes d'électeurs en circulation que d'électeurs au départ".
À Bruxelles, l'Union européenne s'est dite préoccupée par des informations évoquant de possibles fraudes dans le déroulement de l'élection présidentielle.
Les responsables européens ont appelé les camps des 2 principaux candidats, le président Hamid Karzaï et son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, à faire preuve de retenue.
Chacun des 2 camps avait affirmé le 21 août que son candidat était en tête, alimentant tensions et spéculations.
Alors que nombre d'observateurs pariaient avant l'élection sur une victoire de Hamid Karzaï au premier tour, ils sont de plus en plus nombreux aujourd'hui a évoquer un second tour entre les 2 hommes, à l'issue incertaine.
La mission européenne a souligné que la participation a été "considérablement plus élevée dans le Nord du pays", réputé plus favorable au Tadjik Abdullah, "et particulièrement basse dans le Sud", terre pachtoune d'où est originaire Hamid Karzaï.
Les réunions entre diplomates internationaux, candidats et responsables locaux se sont multipliées ces derniers jours à Kaboul.
L'émissaire américain dans la région Richard Holbrooke, représentant du principal soutien politique et militaire du gouvernement afghan, a ainsi rencontré séparément vendredi Hamid Karzaï et Abdullah Abdullah.
"La question est maintenant de savoir si Karzaï, qui contrôle la Commission électorale afghane, va accepter un second tour. C'est un des sujets qu'il a abordés lors de la rencontre avec Holbrooke", a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat.
L'UE a de son côté appelé "toutes les parties à (...) recourir uniquement à des moyens légaux et aux institutions nationales appropriées pour résoudre des différends et des plaintes" à propos des scrutins.
AFP/VNA/CVN