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Une employée du service médical d'urgence de l'aéroport tient une note d'information sur Ebola, le 17 octobre à Roissy. |
"Nous étions sur la passerelle en file indienne, des médecins prenaient notre température à distance. On est agréablement surpris, c'est allé très vite", relate Souhaib Bangoura, 35 ans, de retour de Guinée où il se trouvait des motifs professionnels.
Comme lui, les 150 à 200 passagers du vol Air France quotidien Paris - Conakry ont été les premiers à passer, à leur arrivée à 05h55 samedi 18 octobre, les contrôles sanitaires sur le sol français. "Une mesure de sécurité supplémentaire", avait indiqué vendredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Un représentant du personnel d'Aéroports de Paris présent à l'arrivée, au terminal 2E de l'aéroport de Roissy, s'est refusé à tout commentaire sur d'éventuels cas détectés.
Le gouvernement a annoncé vendredi un renforcement de son dispositif de lutte contre le virus, au lendemain d'une nouvelle alerte suscitée par l'admission jeudi pour "fièvre suspecte" d'une infirmière française ayant traité, en septembre, une volontaire de MSF atteinte d'Ebola. "Il n'y a pour l'heure aucun cas confirmé", a tenu à rassurer Matignon, alors que les premiers tests se "sont révélés négatifs" pour cette soignante selon une source proche du dossier.
La population française commence à avoir peur
"La population française commence à avoir peur, c'est normal de les rassurer", commente Ibrahima Sylla, ancien diplomate venu rendre visite à sa famille en France. Il retournera en Guinée dans dix jours "sans inquiétude".
Un employé de l'aéroport pratique un test avec un thermomètre à Roissy, le 17 octobre. |
"Je flippais beaucoup avant de partir, mais sur place j'étais rassuré car les gens prennent la mesure de l'épidémie", poursuit Souhaib Bangoura. "Sur place j'ai pris toutes les mesures nécessaires pour que tout se passe bien, je prenais ma température avant d'entrer dans un bureau et je me lavais les mains avec une solution chlorée".
"En Guinée, les gens sont normaux, Ebola occupe les conversations, mais la vie est normale", affirme Barry Abdoulaye, 30 ans, avec en mains un flacon de solution hydro-alcoolique qui lui a été remis à son arrivée en France. "J'ai réduit mon séjour, vu tout ce que les médias internationaux commençaient à dire, je devais rentrer en France le 20 octobre".
"Les gens ont plus peur d'Ebola en France qu'en Guinée", assure Sow Souleymane expliquant avoir passé quatre contrôles sanitaires à son départ de Conakry.
Le dépistage à l'arrivée, déjà en vigueur en Grande-Bretagne et dans plusieurs aéroports américains, est uniquement mis en place sur ce vol en provenance de Conakry, seule liaison directe entre la France et l'un des pays touchés par le virus. Aucun contrôle n'est prévu pour l'instant sur les passagers venant de pays à risques ayant effectué des correspondances.
Vendredi soir 17 octobre, des syndicats d'hôtesses et de stewards d'Air France ont réclamé la fermeture de la desserte de Conakry, exprimant leur crainte d'un "risque grave de propagation de l'épidémie". Fin août la compagnie avait suspendu ses vols vers la capitale Freetown de la Sierra Leone, après de précédentes protestations syndicales.
"Il n'y a pas de solution miracle, il faut multiplier les mesures", avait précédemment reconnu Mme Touraine, la ministre de la Santé. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également relativisé jeudi 16 octobre l'efficacité de ces contrôles, mettant en garde contre "un faux sentiment de sécurité".
La Guinée d'où est partie l'épidémie en décembre 2013, fait partie, avec le Liberia et la Sierra Leone, des trois pays les plus touchés par le virus.
La fièvre hémorragique Ebola a fait à ce jour 4.555 morts sur 9.216 cas enregistrés dans sept pays, selon l'OMS.
AFP/VNA/CVN