Fierté en France après le prix Nobel d’économie pour Jean Tirole

Jean Tirole a reçu lundi 13 octobre le prix Nobel d’économie, devenant le troisième Français couronné dans cette discipline grâce à des recherches variées sur la finance, l’entreprise et les marchés, et inspirant de la fierté au sommet de l’État.

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Seuls Gérard Debreu (1983) et Maurice Allais (1988) avaient jusque-là été récompensés de ce prix, le dernier-né de la famille Nobel.

"On n'est pas très bon juge de ses propres travaux et donc ce n'est pas quelque chose sur lequel je comptais", a-t-il déclaré.

Jean Tirole en conférence de presse à Toulouse, le 13
Photo : AFP/VNA/CVN

Chercheur resté fidèle à l'université de Toulouse depuis les années 1990, après être revenu de l'université américaine MIT, Jean Tirole, 61 ans, était cité parmi les favoris du Nobel depuis quelques années.

Il est primé pour son "analyse de la puissance de marché et de la régulation", a annoncé le jury dans un communiqué.

"Ce Prix Nobel vient mettre en lumière la qualité de la recherche dans notre pays", a estimé sur Twitter le président de la République française François Hollande.

"Après Patrick Modiano, un autre Français au firmament : félicitations à Jean Tirole ! Quel pied-de-nez au +French bashing+ !", a écrit sur Twitter le Premier ministre français Manuel Valls.

"Un immense bravo à Jean Tirole qui fait la fierté de notre pays et de l'école d'économie française !", s'est réjoui, sur Twitter également, le ministre français de l'Économie, Emmanuel Macron.

"Jean Tirole est l'un des économistes les plus influents de notre époque. Il est l'auteur de contributions théoriques importantes dans un grand nombre de domaines, mais a surtout clarifié la manière de comprendre et réguler les secteurs comptant quelques entreprises puissantes", a-t-il expliqué.

"En s'inspirant de ces nouvelles perspectives, les gouvernements peuvent mieux encourager les entreprises puissantes à devenir plus productives et, dans le même temps, les empêcher de faire du tort à leurs concurrents et aux consommateurs", a résumé l'Académie royale des sciences.

Son œuvre s'applique à des secteurs aussi différents que la banque, les télécoms, la presse ou les services à la collectivité. Elle répond à une question qui s'est posée à de nombreux pays : après avoir libéralisé, comment empêcher les grandes entreprises de se comporter en prédateurs ?

"École de Toulouse"

Né à Troyes, d'un père médecin et d'une mère enseignante en lettres, Jean Tirole se dirige d'abord vers les mathématiques, intègre l'École Polytechnique, et découvre l'économie sur le tard, à 21 ans.

Un portrait du Français Jean Tirole, lauréat du prix Nobel d'économie 2014, présenté le 13 octobre à
Photo : AFP/VNA/CVN

Ingénieur des Ponts et chaussées, il choisit ensuite de faire un doctorat d'économie aux États-Unis, au Massachusetts Institute of Technology.

Il arrive à Toulouse en 1991, et y est l'un des fondateurs de l'Institut d'économie industrielle, qui sera le berceau de ce qu'on appelle aujourd'hui "école de Toulouse" en économie.

Le prix Nobel lui fait faire irruption dans un débat politique alors qu'il avait préféré rester en marge. Et il s'est montré critique envers son pays.

"Depuis 30 ans, 40 ans, il y a du chômage et les jeunes, on leur propose des CDD dans leur très grande majorité parce que les entreprises ont trop peur de donner des CDI. Donc, on a une situation complètement absurde qui est qu'à force de trop protéger les salariés, on ne les protège plus du tout", a-t-il notamment dit, lui qui est partisan d'une refonte du Code du travail.

M. Tirole remporte huit millions de couronnes (878.000 euros). C'est la première fois depuis 2008 que le prix Nobel est attribué à un seul économiste, et la première fois depuis 1999 qu'aucun Américain ne remporte le prix.

Cette récompense illustre la bonne santé de la recherche économique en France. En août, la revue mensuelle du Fonds monétaire international voyait sept Français parmi les 25 économistes les plus prometteurs. M. Tirole succède à trois Américains, Eugene Fama, Lars Peter Hansen et Robert Shiller, qui partaient d'hypothèses opposées pour expliquer l'évolution des marchés financiers : les deux premiers la rationalité des agents, et le troisième les éléments de psychologie pouvant perturber.

Le prix Nobel d'économie vient clore une saison marquée par le couronnement de la Pakistanaise Malala Yousafzai (paix) et le Français Patrick Modiano (littérature).

AFP/VNA/CVN

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