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"Le personnel présent dans les zones d'épidémie relève des preuves montrant que le nombre de cas rapportés et le nombre de morts ne reflètent pas l'ampleur de l'épidémie", affirme un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié jeudi 14 août.
Le personnel de MSF dans un centre de traitement à Kailahun au Sierra Leone, le 14 août |
Le Dr Joanne Liu, directrice de Médecins sans frontières (MSF), qui rentre d'une visite de dix jours en Afrique de l'Ouest, est allée plus loin vendredi, lançant un cri d'alarme en parlant d'une épidémie qui se propage plus rapidement que prévu et d'une situation qui "se détériore plus vite que notre capacité à y faire face".
Nos infrastructures ne sont pas du tout à la hauteur, a-t-elle déclaré, jugeant que "si on ne stabilise pas la situation au Liberia, on ne parviendra jamais à stabiliser la région".
"Et il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg", a mis en garde la responsable de l'ONG.
Joanne Liu a lancé un appel à une coordination internationale renforcée sous la houlette de l'OMS. "Tous les gouvernements doivent se mobiliser. Il faut le faire maintenant si nous voulons contenir cette épidémie", a-t-elle déclaré, parlant d'un engagement d'au moins six mois.
Un climat de peur générale
Des fossoyeurs des services publics de Sierra Leone referment le cercueil du Dr Modupeh Cole, deuxième médecin à mourir après avoir contracté le virus Ebola, sur le site des locaux de Médecins Sans Frontières (MSF) à Kailahun, le 14 août |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous n'avions jamais vu cela auparavant. Il faut élaborer une nouvelle stratégie, l'épidémie d'Ebola n'est plus confinée seulement dans quelques villages, elle se propage dans Monrovia, une ville d'1,3 million d'habitants", a expliqué la directrice de MSF, au cours d'une conférence de presse à Genève. Elle a estimé qu'il régnait actuellement un "climat de peur général, comme en temps de guerre" dans la région touchée aux frontières de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia. "La peur n'est pas une réaction souhaitable", dans une telle situation, a dit Joanne Liu.
"Les gens se méfient maintenant des centres de santé. Le suivi des malades est insuffisant", a-t-elle dit. L'OMS souligne qu'elle "coordonne une augmentation massive de la réponse internationale".
Le Programme alimentaire mondial de l'ONU, à la demande de l'OMS, va étendre ses interventions à un million de personnes en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée pour empêcher une crise alimentaire, a déclaré vendredi le bureau régional du PAM à Dakar. Seules quelques milliers de personnes recevaient jusqu'ici l'aide du PAM.
L'OMS relève que les centres américains de contrôle et de prévention des maladies vont équiper les pays touchés avec des ordinateurs pour pouvoir suivre en temps réel l'évolution de l'épidémie. Il faut aussi être en mesure de mettre à jour en permanence une carte des zones touchées et de leurs besoins logistiques.
Le président sierra-léonais Ernest Koroma a annoncé vendredi 15 août la construction de plusieurs centres de traitement d'Ebola dans le pays, en plus des deux existants. Ces centres seront notamment construits par la Croix-Rouge et MSF, a-t-il dit.
En cinq mois, cette épidémie d'Ebola, la plus grave depuis l'apparition de cette fièvre hémorragique en 1976, a fait 1.145 morts, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 13 août : 380 en Guinée, 413 au Liberia, 348 en Sierra Leone et quatre au Nigeria.
AFP/VNA/CVN