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La flambée de fièvre hémorragique qui a déjà fait près de 1.000 morts en Afrique de l'Ouest continue de susciter l'inquiétude à travers le monde.
Pour y faire face, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a discuté lundi 11 août à huis clos avec des experts en éthique médicale de l'éventualité d'une utilisation de traitements expérimentaux.
Le ministre de la Santé du Liberia, Walter Gwanigale (droite), se lave les mains à Monrovia, le 9 août |
Nouvelle preuve que les personnels de santé sont en première ligne : sept médecins et un infirmier chinois qui avaient soigné des patients d'Ebola ont été "placés en quarantaine" ces deux dernières semaines en Sierra Leone, a annoncé l'ambassadeur de Chine à Freetown, Zhao Yanbo.
Il n'a pas précisé si certains d'entre eux présentaient des symptômes de la maladie : forte fièvre, maux de têtes, vomissements, diarrhées ou hémorragies notamment.
De son côté, le Liberia s'est vu contraint de muscler son dispositif.
La présidente Ellen Johnson Sirleaf a annoncé la mise en quarantaine de la province de Lofa (Nord), la troisième région concernée par cette mesure exceptionnelle.
La région de Lofa est frontalière de la Guinée et de la Sierra Leone, deux pays frappés par l'épidémie qui touche également depuis juillet le Nigeria.
Selon le dernier bilan annoncé la semaine dernière, la maladie a déjà causé la mort de plus de 960 personnes sur près de 1.800 cas (confirmés, suspects ou probables), essentiellement dans les trois premiers pays.
Cela représente un taux de décès de 54%.
Par mesure de prudence, la Côte d'Ivoire, où aucun cas n'a été signalé, a suspendu les vols de sa compagnie nationale avec les pays touchés, dont deux sont ses voisins (Liberia et Guinée).
Elle a aussi interdit à toutes les compagnies de transporter les passagers de ces zones vers Abidjan.
La Côte d'Ivoire est ainsi allée plus loin que les recommandations de l'OMS qui a décrété la semaine dernière une "urgence sanitaire mondiale" à propos d'Ebola, mais s'était refusé à déconseiller le déplacement dans les pays affectés.
Au nom de la "vigilance", le gouvernement ivoirien a annoncé avoir refoulé ces derniers jours "près d'une centaine de clandestins libériens" qui tentaient d'entrer dans le pays.
L'inquiétude concerne aussi les acteurs économiques : le chocolatier suisse Barry Callebaut a décidé de déplacer en Suisse un événement qui aurait dû se tenir en octobre en Côte d'Ivoire, "par mesure de précaution".
Le Niger, jusque-là préservé mais voisin du Nigeria, a adopté un "plan d'urgence" pour "renforcer les surveillances".
Éthique médicale en question
Un centre d'appels téléphoniques pour améliorer la prévention face au virus Ebola, le 9 août à Monrovia |
Ces derniers jours, des malades présentant des symptômes proches de ceux d'Ebola ont été placés en quarantaine dans certains pays en Afrique comme en Europe et en Asie, mais les résultats des tests ont exclu la présence du virus, notamment en Roumanie et au Bénin.
L'analyse était en cours lundi pour un Allemand en isolement au Rwanda.
En revanche, un religieux ghanéen, qui travaillait dans le même hôpital de Monrovia que le prêtre espagnol qui a été le premier rapatrié européen infecté par Ebola, est décédé dans la nuit des 10 et 11 août. Il s'agit du troisième décès parmi le personnel de cet hôpital catholique.
L'OMS, qui va recevoir 5 millions de dollars d'aide du Koweït, cherche à définir une position devant les appels pressants à utiliser des médicaments non autorisés pour tenter de sauver les malades.
Elle a tenu dans cet objectif une téléconférence entre experts, notamment sur les questions d'éthique médicale.
Après le traitement, avec des premiers résultats positifs, de deux Américains - contaminés au Liberia puis transférés dans leur pays - par l'un de ces médicaments conçu par la firme américaine Mapp Pharmaceuticals, les appels à son emploi se sont multipliés. Même s'il n'avait jamais été jusque-là expérimenté sur l'homme, et qu'il n'est donc agréé par aucune autorité sanitaire.
"Est-il éthique d'employer des médicaments non agréés, et si c'est le cas quels critères doit on définir, dans quelles conditions doit on administrer ce traitement et qui doit être traité?", telles sont quelques-unes des questions auxquelles cette réunion devait répondre, a indiqué Marie-Paule Kieny, assistante au Directeur général de l'OMS.
L'utilisation de traitements expérimentaux contre Ebola n'est pas une "priorité" pour la Guinée, a cependant déclaré le ministre guinéen de la Santé, Remy Lamah, dans un entretien au quotidien La Croix à paraître mardi 12 août.
AFP/VNA/CVN