EADS refonde son pacte d'actionnaires en réduisant l'influence des États
Le groupe aéronautique et de défense européen EADS a annoncé le 5 décembre un accord entre actionnaires normalisant sa gouvernance en réduisant le rôle de la France et l'Allemagne tout en préservant leurs intérêts.
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Logo du groupe aéronautique et de défense européen EADS. |
"L'actuel pacte d'actionnaires devrait être remplacé par un schéma de gouvernance d'entreprise ordinaire", a annoncé EADS dans un communiqué. "Il s'agit du changement le plus important depuis la création" du groupe en 2000, a commenté son patron Tom Enders, lors d'une conférence téléphonique.
"Cet accord vise à normaliser et simplifier la gouvernance d'EADS, tout en sécurisant une structure d'actionnariat qui permet à la France, l'Allemagne et l'Espagne de protéger leurs intérêts stratégiques légitimes", a expliqué le groupe.Paris et Berlin se sont réjouis de cet accord, qui préserve l'équilibre qui prévalait entre les deux États depuis la fondation d'EADS mais dissout le pacte d'actionnaires qui leur permettait de contrôler le groupe.Les deux capitales détiendront à terme jusqu'à 12% des parts du groupe tandis que Madrid verra sa part réduite à environ 4% contre 5,5% actuellement."Aucun actionnaire ne pourra nommer directement ou indirectement de membre du conseil d'administration", a souligné M. Enders, pour illustrer à quel point "l'influence des États est réduite" par cet accord.Les actionnaires de référence Daimler AG du groupe et français Lagardère, qui représentaient jusqu'alors chacun les intérêts de la France et de l'Allemagne au sein du groupe, réduiront fortement leur participation.Pour éviter un effondrement du cours de l'action, EADS rachètera jusqu'à 15% de son capital. À terme, le flottant d'EADS augmentera à plus de 70% contre 49% actuellement. Le siège à Toulouse ? D'après l'Élysée, l'accord assure le maintien à Toulouse du siège opérationnel d'EADS, ce que le groupe formule autrement. "Le siège opérationnel est à Toulouse, le déplacer est une décision opérationnelle, qui revient au conseil d'administration", a expliqué Marwan Lawhoud, directeur de la stratégie.Cet accord "permettra de garantir la protection des intérêts des États français, allemand et espagnol au sein du groupe", a assuré l'Élysée. Il donnera "à l'entreprise la liberté de manoeuvre dont elle a besoin pour poursuivre son développement", a-t-elle poursuivi.Même son de cloche à Berlin, où la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que "grâce à l'accord trouvé, le partenariat franco-allemand au sein d'EADS peut se poursuivre de façon équilibrée. L'esprit qui prévalait à la fondation du groupe est ainsi respecté", a-t-elle commenté Mme Merkel.Paris et Berlin négociaient depuis des mois cette restructuration devenue impérative, Daimler ayant annoncé son intention de se défaire de ses parts, soit 7,5%, avant la fin de l'année, et Lagardère celle de sa part de 7,5% en 2013.
AFP/VNA/CVN