Une photo de glace abondante sur Mercure prise par la sonde américaine Messenger le 29 novembre. Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ces nouvelles données indiquent que la glace d'eau se trouvant dans les régions polaires de Mercure atteindrait plus de trois kilomètres d'épaisseur si elle était étendue sur une superficie de la taille de Washington DC à savoir 117 km2", explique David Lawrence, un des scientifiques de la mission Messenger au laboratoire de physique appliquée de l'Université Johns Hopkins à Laurel (Maryland, Est).
Il est le principal auteur de l'une des trois études sur cette découverte publiées le 29 novembre dans la revue américaine Science. Étant donné sa proximité du soleil, Mercure, où la température moyenne est de 169 degrés, paraît être le dernier endroit où trouver de la glace. Mais l'inclinaison de seulement un degré de son axe de rotation fait que des zones de la planète aux pôles, où les températures sont très froides, ne voient jamais le soleil, expliquent ces scientifiques.
L'hypothèse de la présence d'eau gelée sur Mercure a été avancée il y a plusieurs décennies et avait été confortée en 1991 avec la détection par le radio télescope Arecibo à Porto Rico de plaques aux pôles de la planète. Un grand nombre de ces plaques correspondaient à l'emplacement de vastes cratères d'impact cartographiés par la sonde américaine Mariner 10 dans les années 1970.
Mais les images prises en 2011 et plus tôt cette année par Messenger ont confirmé toutes les observations précédentes de ces plaques plus ou moins brillantes dans les zones sombres des régions polaires. Outre les images, les instruments à bord de la sonde, dont un spectromètre à neutrons, ont permis d'établir qu'il s'agissait bien d'eau et de mesurer précisément les volumes. "Nous estimons que selon les mesures effectuées avec le spectromètre, la glace se trouve sous une couche de 10 à 20 centimètres d'épaisseur d'un matériau sombre", précise David Lawrence.
Selon les deux autres recherches sur Mercure publiées le 29 novembre, ce matériau plus sombre, tout comme l'eau, auraient été apportés par des astéroïdes. "Ce matériau est probablement formé d'un mélange organique complexe apporté sur Mercure par des impacts de comètes et d'astéroïdes, les mêmes objets cosmiques qui ont sans doute apporté de l'eau sur la planète", note David Paige, de l'Université de Californie à Los Angeles, un auteur de l'une de ces recherches.
Messenger (Mercury Surface, Space environment, Geochemistry, and Ranging) est le premier engin a être sur l'orbite de Mercure et ce depuis 2011 après un périple de plus de six ans durant lequel il avait déjà survolé la planète à trois reprises pour la photographier presque totalement. Seuls les deux pôles restaient à observer, ce que fait la sonde Messenger maintenant qu'elle est sur orbite de façon permanente.
AFP/VNA/CVN